J’accompagne ma camarade vers l’extérieur, laissant mon parapluie ensanglanté à l’intérieur pour éviter d’emporter avec moi l’odeur métallique du sang. Je place ma main sur le dos de Julia en la suivant, lui tapotant le dos en signe de réconfort. L’air extérieur était encore loin de l’air frais et pur que l’on pourrait chercher dans ces situations, mais l’odeur d’alcool et de tabac ferrait l’affaire.

Je haussais les épaules en répondant à la remarque de la demoiselle.

« Après quelques années de vie ici, on se fait à leurs règles. Rio a peut-être sombré dans l’anarchie, mais elle n’en est pas pour le moins dénuées de règles ou de lois. Elles sont juste … plus tacites, que les lois des avocats. Le respect, en particulier, est une monnaie très précieuse. Comme tu as pus le voir, manquer de respect a la mauvaise personne peut coûter très cher. »

Une explosion lointaine vient ponctuer mes propos, m’amenant à nuancer mon propos.

« C’est un écosystème … différents, de celui que tu as l’habitude de côtoyer. Moins calme, moins figés, mais aussi infiniment plus prometteur. Sam le connait mieux que nous tous, il y a grandis lui. Enfin … »

Je tapote un peu plus le dos de la demoiselle, pour lui témoigner mon soutient vis-à-vis du choc qu’elle venait de subir.

« Je pense que tu en as eu assez pour aujourd’hui, pas vrais ? Tu as besoin d’une chambre en attendant que le portail te soit de nouveaux ouvert ? A moins que tu ne puisses déjà repartir, auxquels cas je me propose de t’accompagner, histoire de t’éviter d’autres … mésaventures. »

Ma main droite plaquée sur ma bouche, j’avais de réelles sueurs froides qui me montaient au visage alors que des flashs intermittents s’occupaient de me rappeler chaque seconde l’horrible spectacle que je venais de voir. Ou tout du moins, les conséquences. Je crois que si j’avais vu ça… Vraiment, le moment où ils avaient été… Je crois que je serais vraiment tombée dans les pommes. Et même là, de toute façon, j’avais du mal à me maintenir consciente. J’avais juste envie de fermer les yeux, de me réveiller de ce putain de cauchemar… Mais non, c’en était pas un. Ça venait vraiment d’arriver.

“Merde…”

J’avais le souffle court, terriblement court, alors que Lucifer, qui m’avait suivit dehors, n’était pas du tout affecté. Et évidemment, c’était l’habitude, mais même avant, est-ce qu’il aurait été comme moi ? Est-ce que j’étais trop sensible ? Non, un charnier était loin de ce qui pouvait être acceptable pour une personne…

“Alors ça se fait comme ça ici…”

Évidemment que j’aurais préféré que ça se passe autrement. Qu’il les désarme, les neutralise avant de les envoyer à… Ouais, pas comme s’il y avait de la police ici. Le simple délit pouvait se payer terriblement cher ici, et c’était un peu la loi du plus fort qui régnait… Un endroit qui allait parfaitement avec les principes de Lucifer du coup, vu qu’il semblait être pro-éveillé. Je pouvais pas arriver et dicter une façon de faire. Sinon, j’allais finir de la même manière.

“Putain… J’essaye de relativiser en sachant qu’ils ne voulaient pas de témoin, c’est ce qu’ils ont dit, mais… C’est dur. Vraiment dur.”

Autant dire que je n’étais pas habituée à la vision du sang. Et là, j’en avais eu pour un bon traumatisme là, clairement. Pas la meilleure des manières pour passer outre.

“Et je vois pas ce que vous voyez de prometteur dedans.”

C’était juste de la violence. Mais bon, je n’avais pas sa vision des choses. Est-ce que cet endroit faisait changer les gens à ce point ? C’était ce que je craignais, et ça voulait dire qu’il valait mieux que je file d’ici, histoire d’éviter de vomir au milieu de la rue.

“Ouais je… Je vais rentrer. Je devrais pouvoir me téléporter là.”

Autant dire, fin de mon escapade brésilienne pour le moment. Lucifer m’accompagna ainsi jusqu’au portail, et sitôt à New York, je sentis comme une pression énorme tomber. Je crois que j’étais… Particulièrement molle. Et la seule chose que je fis fut de prendre un taxi pour mon appart. Et il me fallut attendre plusieurs heures de coma dans mon lit pour avoir la force d’envoyer un message à mon employeur par rapport aux antennes.

Mais bon, j’avais un autre objectif. Un truc où j’allais devoir être super prudente… Car quelque jours plus tard, j’envoyais “Deus Io Vult” à un étranger vu une fois. Dans quoi je m’embarquais sérieux ? Tss… Surement un paquet d’emmerde.