Alors, oui bon. Une biographie. Je sais pas pourquoi je me suis lancée dans ce projet à la con de faire ça. Bon, en fait si. C’est juste que ça sera des barres à relire dans le futur, lorsque j’aurais dix ans de plus et un crédit au derche. Comme si c’était ça le plus important dans la vie, l’âge et l’argent. Marrant, ça commence par un a… Bref, qui je suis, d’où je viens, qu’est-ce que je fais dans la vie, ASV, les classiques qu’on connaît tous. Ou pas d’ailleurs, mais bon, pas à moi de juger. Julia Sherman donc ! Et ouais, c’est moi !

La première petite anecdote que j’aime sortir, c’est celle de mon nom de famille. Y’a longtemps, lors de la seconde guerre mondiale, mes parents -enfin, mes ancêtres plutôt- étaient du bon côté de l’allemagne lors de la reddition de cette dernière. A ce moment-là, mon arrière-arrière-grand-mère, qui parlait pas un mot d’anglais, s’est faite récupérée sur le bas-côté d’une route par des G.I. pas trop méchants, qui l’ont fait monter dans le blindé. Surtout qu’elle était enceinte d’un sacré paquet de mois ! Et ça a pas loupé, dans l’heure qui suivit, elle accoucha. Sauf que y’avait pas de médecin à bord, donc elle mourut en couche.

C’est ainsi que ma lignée commença. Sans le moindre nom de famille ou information permettant de retracer (avoir ses papiers était un luxe à ce qu’il parait), les quelques américains décidèrent de donner le nom “Sherman”, du nom du blindé dans lequel ils se trouvaient à l’époque. On a jamais su qui était mon aïeul, et ça se trouve, probablement un soldat. On aime parfois plaisanter sur le fait que, peut-être qu’on a du sang nazi dans nos veines. Sauf que nous, on a pas fuit en Argentine ! Et ouais !

Bref, petite ellipse de quelques générations pour arriver sur ma bouille. Je suis née le 1er février 2018, une époque où la fin du monde n’était pas encore arrivée. Ma mère est morte lorsque j’étais assez jeune en fait. Cancer malheureusement. J’ai peu de souvenirs d’elle, si ce n’est quelques photos d’un visage qui est familier sans l’être. Presque comme si je me regardais dans une glace, mais avec une sensation de pas être la personne qui… Ouais, ma mère quoi.

Bref, j’étais fille unique dans une famille rapidement monoparentale où mon père, carrément accro à la caféine, était un peu l’homme de ma vie. J’préfère le dire tout de suite hein, mais j’étais complètement inséparable de mon père lorsque j’étais petite. Et ça s’est pas foncièrement arrangé ! J’étais toujours dans ses pattes. Dès qu’il était sur l’ordinateur, que ce soit sur un jeu vidéo ou des docs excels, je poussais des colères juste pour être sur ses genoux.

On avait une relation super fusionnelle en vérité ! Je me rappellerai toujours de lorsque j’étais en primaire, il y avait eu une sorte de kermesse, avec des épreuves parents enfants ! On avait enchaîné les épreuves comme ça, bam bam bam ! Le truc con, c’est qu’on a fini deuxième, car on a manqué une épreuve. Une envie pressante de mon gaffeur de daron qui a fait qu’on a pas pu participer. Mais bon, deuxième prix et le mug collector marqué “Best Dad #1”. Le pire, c’est qu’après ça, c’est devenu SA TASSE ! Je vais pas dire que partout où il allait il était avec. Mais c’était pas loin quoi !

Ah… C’était une bonne époque en vrai… De mon côté, mon père étant ingénieur, j’ai voulu faire ingénieure. Et j’étais plutôt bonne dans le domaine en fait ! J’ai enchaîné les matières et les années. Ils avaient un mot pour moi : “Génie”. Non pas que j'exauce les vœux hein, mais que j’étais clairement une tête ! J’ai sauté quelques classes, et genre passé mon abitur (mon Bac si vous préférez) à 15 ans dans l’idée. Certes, pendant ma scolarité, j’ai passé un peu de temps à l’étranger. Quelques programmes d’échanges où j’me suis retrouvée en France pour apprendre la langue et voir comment ça fonctionnait, mais… Fin oui, ça s’est bien passé, et honnêtement, j’suis contente d’avoir fait ça, mais sur le coup, ça m’avait emmerdé sévère d’être éloignée de mon père.

Après, j’ai directement enchainé sur des licences (oui, des licences, j’en faisais plusieurs en parallèle). A ce moment là… Ouais, on va dire que j’attirais l’attention. Faut dire que bon, en TP, j’étais connue comme “La petite fille au fond de la classe qu’écoute du Rammstein et qui bat le prof sur des concours de robotique”. Plutôt valorisant, en plus de refléter mes goûts musicaux. Tous les titres n’ont pas ça !

Mais bon. En 2035, y’a eu le décès de mon père. Un attentat terroriste au milieu de Munich. De ce qu’on m’a dit, il avait essayé de protéger de son corps. On m’a aussi dit que son corps était en trop mauvais état pour être vu. Et croyez moi, pour une fille d’à peine 17 ans, ça choque… Ah, il avait toujours dit qu’il mourrait jeune, mais je l’avais jamais crû. Ça a été un énorme choc dans ma vie. D’ailleurs, en y repensant, c’est vers ce moment-là que j’ai appris que j’étais une éveillée. Juste rang E hein, rien d’exceptionnel clairement, mais ça a peut-être été une sorte de déclic… Fin bon, vu la taille que j’fais.

Et c’est à peu près là que j’me suis rapproché de Boris. Avant ça, c’était un bon camarade, un avec qui ça m’arrivait de déconner assez souvent, un qui se retrouvait plutôt régulièrement dans mes groupes de projet. J’crois même qu’il avait validé plusieurs matières grâce à moi. Non pas qu’il était particulièrement mauvais hein, juste que j’étais au-dessus du lot. Mais bon, il me sortait souvent son excuse qu’il était occupé par sa préparation physique. Ouais, il faisait des combats. Comme quoi, les geeks peuvent aussi péter des gueules il paraît.

C’était un véritable ami. Un avec qui j’pouvais parler vraiment de tout et de rien. C’était pas une période facile pour moi, et j’ai sûrement pas été la plus agréable avec lui. Mais il a persisté, et c’est devenu mon meilleur ami.

Bon. A y repenser, je l’ai sûrement friendzone assez sévèrement en fait. A chaque fois qu’il allait faire un match, il faisait le pari que s’il gagnait, il m’inviterait au resto. Et des fois, ça l’a fait gagné ! Souvent non par contre. Mais ça m’faisait bien marrer, donc c’était le chinois de victoire et le McDo de la défaite. Quand il pouvait mâcher hein, des fois, il était même plus en état de l’faire.

Et sur un autre plan… C’est pas impossible que lui et moi, on se soit rapproché sur un plan plus physique… Ouais bon. On a couché ensemble quelques fois. Mais j’étais pas spécialement amoureuse de lui. J’étais déjà mariée à la science de toute façon.

Car ouais, après avoir fini mon école d’ingénieur, avec les honneurs, je me suis lancée en indépendante. Le genre à accepter des contrats de programmation à la volée et à réaliser ça en quelques temps. Grâce à ça, j’ai pu m’acheter un petit deux pièces à New York. Bon hein, clairement pas dans Manhattan, faut pas déconner, mais un petit chez-moi loin du vieux continent. Mais j’y retournais souvent, que ce soit en Allemagne ou un peu partout.

Mais l’an passé… Ouais, y’a un sale truc qu’est arrivé. Une très mauvaise histoire.

Ça se passait en Belgique. Boris avait un match de prévu. Certes, il avait pas le palmarès le plus glorieux, mais il avait l’avantage de l’expérience face à un petit local. Bon, petit entre guillemets hein, vu que niveau taille il devait faire deux têtes de plus que moi. Mais bref, il avait un match.

Sauf que… Ça s’est pas du tout passé comme ça devrait l’être. Boris était pas bien du tout, et pour cause : j’ai découvert qu’il avait été empoisonné. Ce qui fait qu’il a pas pu du tout se défendre, et en un round, le match était plié. Sauf qu’il s’en est pas remit, et il est mort dans l’ambulance vers l’hôpital.

L’enquête ? Bâclée, complètement sabordée. Quelqu’un avait fait pression sur la police, et hop, plus rien. Une simple maladie chronique, un manque de chance, et tout fut bouclé.

Tout… Non. Car j’étais sur le coup. J’avais perdu mon père sans pouvoir rien faire, et j’allais pas laisser cela arriver de nouveau. J’avais… Pas pu le sauver. Mais j’allais le venger. J’ai cherché du mieux que j’ai pu, et j’ai retrouvé les traces. Tout ce que j’ai me mène à penser que son adversaire est responsable de ça, et ça se comprend d’une certaine manière. Une victoire facile, mais déloyale… Sauf que j’allais le retrouver, et lui faire payer.

Ouais, j’m’emporte. Mais je suis toujours en colère. J’ai pas réussi à bien faire mon deuil. Mais bon. J’fais comme je peux. Ainsi va la vie, et la mienne…