L’Humanité est-elle supérieure ? La perle rare de la Terre, l’élue de Dieu ? Des millénaires d’histoire se sont construit sur cette croyance et ont dépeint le portrait d’une race égoïste et violente. Qu’il s’agisse de leur environnement ou de leurs pairs, ils ne savent que guerroyer, dominer et exploiter. Beaucoup diraient que la situation est loin d’être aussi critique, mais ils font partie de ceux qui ne savent pas reconnaitre le collier doré que leurs maître humains leurs passe autour du cou pour qu’ils les protègent bien sagement des donjons : le sacrosaint argent que les humains vénèrent tant.

Mais peut-être que mon histoire vous aidera-t-elle à comprendre où je veux en venir. Je ne suis pas nés dans le besoin ou la pauvreté, la famille Avernus a toujours profité d’un certain confort, hérité au travers des générations, comme c’est le cas pour la plupart des bonnes familles françaises. Des grands noms, des grands métiers, une fierté mal placée et très peu de place pour l’individualité.

Lors de mon enfance, j’étais plutôt renfermé sur moi-même, silencieux. J’observais les gens qui m’entouraient, j’essayais de comprendre qui ils étaient, ce qu’ils attendaient, ce qu’ils voulaient. Je n’appréciais pas particulièrement la compagnie de mes camarades de classe, mais je pouvais facilement rejoindre un groupe ou un autre en m’adaptant a leur manière d’être. C’était une période plutôt morne de ma vie, je sautais d’un groupe à un autre, changeant du tout au tout pour m’intégrer. J’étais un fantôme, sans âme et sans but.

L’arrivé au lycée marqua un changement, quand mon groupe de l’époque se retrouva opposé a un autre, pour des histoires futiles d’adolescents cherchant à dominer les autres. C’est lors de l’une de ces confrontations que je me suis éveillés, et que j’ai ressentis pour la première fois de ma vie l’euphorie accompagnant le pouvoir de m’imposer. Mes adversaires ne faisaient plus le poids, et même mes compagnons ne me regardaient plus de la même façon. Je pouvais voir la peur, la crainte et la jalousie dans leurs yeux. Au fur et à mesure que l’information circulait, je voyais ces regards se multiplier, ce qui étonnamment ne me gênait pas. Pendant longtemps je m’étais plié à leurs attentes, et maintenant que la situation s’était inversée, je trouvais amusant de voir combien ils étaient désemparés.

Pendant quelques mois, je me sentais galvanisé par cet éveil, ne manquant pas de cette occasion de régler mes comptes avec tous ceux qui m’avaient gênés avant mon éveil. Et puis, ma colère s’est quelques peu calmés, transformée en dédains pour ces insectes qui se croyaient si puissant et au dessus de tout. Coupé du monde, je me suis réfugié dans le travail, notamment en commençant à écrire mon premier livre résumant ma pensée du monde, et la place de l’humanité dans cette dernière.

Je fis mes premiers pas dans le monde au travers de ce livre, et de ceux qui suivirent. Au fil des années, je finis par être connus de la scène politique françaises, mes écrits critiquant la société et comment elle devait être transformée ne manquaient pas de me faire invité a ces « débats » télévisés où l’ont ne vous laisse pas parler, et où vous êtes surtout un clown avec pour vocation de faire rire la galerie. Mais au moins faisais-je parler de moi, enfin, jusqu’à ce que j’arrive a retourné les mots de l’animateur contre lui et a l’humilié devant son propre public. Etrangement, je ne fus plus invité après cet évènement.

Je faisais également le tour des forums philosophiques et sociologiques, bien que ma réputation était plus que fumeuse au sein de ses communautés. Mais je retrouvais petit à petit des gens pour porter mes idées. Un Parti politique se forma autour de mes idées, prônant une société créer par les éveillés, pour les éveillés, où ces derniers seraient remis a leurs juste place. Sans grande surprises, ils furent accueillis avec beaucoup d’animosité de la part des humains, mais les idées charmèrent plus d’un éveillé.

Avec cette nouvelle dimension, les occasions de propager mes pensées se multiplièrent, avec nos partisans organisant des rencontres illicites avec les jeunes des facultés. Des personnes de tous les horizons finirent par se ranger sous notre bannière, des jeunes étudiants en quête d’un sens à leurs vies, quelques héritiers comme moi en quête de changement, des ouvriers maltraités par le système cherchant une vengeance quelconque.

Cette aventure dura quelques années, lors desquelles le mouvement gagna en ampleur, tellement que nous avions attiré l’attention de certaines personnes qui ne voulaient pas que nous parlions, et qui firent explosé un train que je prenais lors d’un déplacement, tuant au passage énormément d’innocents dans cette tentative de me faire taire.

Ils firent passés ça pour un acte terroriste d’opposant à mes paroles, ne manquant pas de pleurer la mort du polémiste décédé. Mais plutôt que de démentir cette action, je vis là l’occasion de propager la parole par delà les frontières, sans les yeux gênants du gouvernement pour m’épier. J’informais mes plus proches collaborateurs de ma survie et de ma volonté de rester discret, tout en leurs fournissant des enregistrements pour continuer à galvaniser les troupes.

Ainsi, je me mis en quête de voyager de par le monde, venant me greffer à différents groupes de chasseurs locaux tout en me renseignant sur leurs opinions et les situations locales, avant de découvrir Rio.

Ah … quel magnifique endroit que Rio, libre de l’oppression humaine, les éveillés pouvaient se développer sans aucune chaines. Je décidais donc de m’installer définitivement dans cette anarchie, me taillant une place en monnayant contacts et services à ceux qui en auraient besoin, tout en organisant mes propres contrats pour avancer la cause.