Un bar. tout ce qu’il y a de plus classique. J’étais déjà rentrée plus d’une fois dans des enseignes semblables à travers le globe. Ce n’était pas une si grande aventure, même si, quelques fois, on avait eu l’audace de me demander mes papiers à l’entrée, en me prenant de haut. Genre des “Tu t’es perdu petite ?”. Défaut d’une taille trop petite et de l’intimidation d’une crevette espagnole. Ça me faisait penser que ça faisait un peu de temps que je n’avais pas manger, mais la pression du moment me coupait drastiquement l’appétit. Je ne sais même pas si j’allais pouvoir avaler le moindre truc sur tous les prochains jours, étant donné ce que je m’apprêtais à faire.

Mais bref. Déjà, il fallait que je joue le jeu. Que je fasse comme si j’étais une cliente tout à fait normale. Une qui ne viendrait pas avec un 9mm dans la poche intérieure et qui n’avait pas des envies meutrières sur le proprio des lieux. Ce qui, soit dit en passant, était assez complexe. Les cours de théâtres remontaient à l’école primaire, et non je n’avais pas jouée un arbre, un rocher ou je ne sais quel élément de décors ! Mais c’est le genre d’anecdote qui ne se racontent qu’autour d’un verre.

Et en parlant de verre, j’attendais le mien ! Regard acéré, plongé dans celui de ce type, qui me regardait d’une manière un peu incrédule. Qu’est-ce qui y a ? Tu t’attendais pas à ce qu’une européenne te ressorte parfaitement le petit B.A.-BA de la commande de café hein ?! Bon, surement que je devais travailler la prononciation, mais c’était de l’ordre du détail. Et puis, l’accent, ça donnait toujours un peu de charme, il paraît. Surtout le français, mais j’étais de l’autre côté du Rhin.

Et… Il semblait confus ? Il s’attendait surement à une phrase en anglais, ou des bafouilles maladroites pou- ah non. Il venait de me ressortir ma phrase. Je cherchais dieu. Dieu. DIEU ?! PUTAIN ! Je venais dans un bar et je cherchais dieu ? Fallait que je la note celle-là ! A moins que ce soit une boisson ici ? Raaah. D’ordinaire, je me serais fendue la poire, sans problème, mais bon… Disons que la mauvaise ambiance au niveau de ma tête faisait que j’étais un peu trop sous pression et que cela me faisait plus pester contre moi-même. Punaise, j’avais encore du chemin avant d’arriver à un résultat concluant.

‘’Scheisse ! Bon… Oui, c’est pas dieu que je cherche.’’ Repris-je en anglais, compensant donc les lacunes encore évidentes de mon invention. J'allais devoir passer encore de longues heures dessus, des soirées entières et probablement plus d'un café dans l'opération.

Un soupir frustré me quitta alors, pendant qu’il me tendait le menu. Presque trop professionnel hum ? Ça m’agaçait. Ça m’agaçait tout de même méchamment. Et plus cette conversation allait durer, plus j’allais en avoir marre. Et l’envie de tourner talons et de tout oublier était assez pressante… Mais bon, pas le choix. C’était marche ou crève. En pire.

‘’Ça ira. Un café, et le code wi-fi.”

Je savais bien qu’il ne restait plus beaucoup de temps avant la fermeture, et c’était justement pour ça. Je regardais d’ailleurs les deux clients restants, espérant qu’une envie pressante ou une illumination divine ne vienne les faire bouger. Ils avaient surement un paquet de truc à faire non ? Plutôt que de rester ici et d’être potentiellement des témoins génants ! Je n’avais besoin que de quelques minutes, tout au plus, même si le confronter sur ses actes était une partie tout de même assez critique. J’avais besoin des raisons pour l’horreur qu’il avait commit. Et qui sait, peut-être allait-il se repentir… Mais c’était bien tard.

“Vous… êtes pas vraiment d’ici non plus, non ?” Commençais-je, essayant de m’assurer de l’identité de la personne face à moi. C’était presque impossible que je me trompe pour le coup, mais là… Je voulais m’en assurer. Je n’avais pas le droit à l’erreur, pas le moins du monde. Restait juste à dégoter ce qu’il faisait exactement. Au moins, j’avais cet avantage, le fait que je le connaissais, mais que j’étais une inconnue à ses yeux.

Dans tous les cas… Sa tête devait tomber. Ce soir.

Être à cette table dans une telle situation était d’une attente juste interminable. Je fusillais d’un regard en coin les deux poivrots du fond, en espérant que l’ambiance devienne particulièrement pesante pour eux, mais ils semblaient être particulièrement immunisés à ça. Un autre pouvoir de l’alcool je présume… Mais en tout cas, il me faisait vraiment chier dans l’immédiat ! Punaise, ils pouvaient pas se rendre compte qu’il y avait une affaire ultra sérieuse ici, du genre de vie ou de mort ? Bon en vérité, il ne fallait pas qu’ils s’en rendent compte, autrement j’allais avoir des problèmes.

Bref, je commençais à rapidement sortir ma tablette, passant par quelques logiciels un poil chelou pour éviter qu’elle ne se fasse tracer. J’avais tout de même fait preuve de quelques précautions dans cette déraisonnée tentative, même si franchement j’étais à peu près certaine que ça allait me retomber dessus tôt ou tard. Je savais que je jouais ma vie sur mon courage d’aller jusqu’au bout là, mais j’étais probablement trop tétue pour me rendre compte que c’était une mauvaise idée jusqu’au fond des choses…

Il ramena donc le café que j’avais commandé, accompagné de tout le nécessaire. Eh bah, j’avais connu des fins de services nettement plus torchées que ça, même si je profitais surtout du code Wi-fi pour préparer mon coup, afin de le confronter à ses torts. Et c’était ultra stressant en considérant que, de l’autre côté de ma tablette, il y avait la personne que je désirais tuer. Putain… Je déteste ce sentiment…

Cependant, j’eu un sursaut lorsque, de l’autre côté de la pièce, un verre se brisa. Rien de grave, mais punaise, dans cette ambiance… J’avais un peu frolée la crise cardiaque. C’était pas bon pour mon coeur ça… Tout comme la cafféine, mais bon, l’un était un poison auquel je m’étais un peu trop accoutumé… Merde, je pensais comme papa là… Et je voulais pas l’associer à cette soirée.

Il fit la remarque comme quoi j’avais l’oeil pour avoir découvert qu’il n’était pas vraiment japonais, me demandant mes pistes. Bon, je ne pouvais pas balancer que j’avais un dossier énorme sur lui, ça ferait un peu tout capoter. A la place, j’allais plus jouer les banalités.

“Hum… L’air je présume ? La taille, teint de peau… Et l’anglais sans trop d’accent ? Y’en a que j’ai croisé qui… Bref. Une intuition en gros.”

Et un petit coup de pouce du destin, vu qu’il avait précisé qu’il était belge à l’origine, avec le pourquoi j’avais mit autant de temps à le retrouver. Il ne vivait plus sur le vieux continent, et j’imagine que ses passages là-bas devaient être particulièrement occasionnels. Le retrouver avait été un jeu de piste un peu affreux, mais au moins j’approchais du but, plus que jamais.

Lui avait également trouvé d’où je venais. Évidemment, entre le fail de traduction, la vive interjection et toutes ces petites choses, j’étais grillée. Je pouvais toujours tenter de faire passer ça pour un autre pays germanique, mais bon, j’étais plus à ça près. Dans tous les cas, je ne pu répondre de suite, le duo semblait être au bord du coma éthyllique, et il était probablement temps pour eux de quitter les lieux. Et je dû admettre que contrairement à son soupir, je poussais un souffle de soulagement. Au moins je n’aurais pas eu à trop attendre. Et ce fut d’un regard bien impatient que je furetais le départ de ces deux types, et que je voyais le panneau d’ouverture être retourné.

Il ne restait donc plus que nous deux. Plus que le chasseur et sa proie. Hey, c’était drôle parce que… J’étais une éveillée, donc chasseur et… Bon, je n’arrivais même pas à en rire. Si même moi trouvais que c’était nul, franchement, je n’étais pas dans un bon état. Je n’avais même pas encore touché à ma tasse pour dire… Et lorsqu’il vint à revenir, le point de non retour avait été complètement atteint.

“Des petits trucs, une affaire personnelle principalement.” Fis-je en répondant à sa question, avant de me racler la gorge, histoire de ne pas manquer de voix pour la suite des événements. Intérieurement, j’avais envie de hurler, vraiment, mais j’allais me contenter d’une manière peut-être plus… Méthodique. Ainsi, je tournais doucement la tablette dans sa direction, affichant une photo de Boris, à côté d’une autre de l’arène où il avait eu son dernier match.

“Est-ce que vous le connaissez ? Boris Klein, d’origine néerlandaise. Un ancien combattant de MMA. Il a eu son dernier match ici, à l’arena de Bastogne.”

En fait, je n’attendais pas véritablement sa réponse pour ouvrir une autre fenêtre, contenant une vidéo qui, à mes yeux, était complètement cauchemardesque. Une vidéo faite par une personne du public. Qualité dégueulasse évidemment, que j’avais essayé de retravailler au mieux, qui montrait le seul et unique round de la confrontation qu’ils avaient eu.

“Question stupide en fait.”

Et je laissais la vidéo tourner. Cette fois, je voulais avoir sa réaction, comment allait-il voir ça, mais surtout, comment allait-il me voir maintenant que je le confrontais à ça. Putain, j’en avais la nausée.

Oh bon sang, les prochaines minutes allaient être désagréables. Malgré toute la haine que je pouvais avoir contre lui, j’étais pas non plus au point de prendre plaisir de ce que j’allais faire. Enfin… D’une certaine manière ça allait être exutoire, libérateur et… Putain, dans quoi je m’embarquais ? Est-ce que j’étais pas en train de sombrer au plus profond de la psychée humaine ? D’être résolue à tuer ? De sang froid ? Merde merde… Mon coeur me faisait mal tant il battait fort, j’avais des maux de têtes, des vertiges. Je crois que… Je sentais même plus mes pieds là.

Mais nous n’étions que tous les deux. Lui juste en face de moi, face aux évidences que j’avais, et que je comptais lui dévoiler peu à peu. Et alors que la vidéo se mettait en place, il ne fallut pas quelques secondes pour qu’il ne la stoppe. Il ne pouvait pas la regarder ? Ou ne voulait pas ? Tss… Ça m’énervait, et ça renforçait déjà sa culpabilité. N’avait-il pas les couilles de regarder la personne qu’il avait tué ?! Quel odieux connard !

Et s’il chercha une cigarette dans sa poche intérieure, je devais admettre qu’instinctivement, ma main le mima, se guidant vers la mienne, là où cette arme était… S’il avait besoin de feu je… Urgh…

Mais au lieu de s’enfuir, il… Il commença à raconter ce qu’il s’était passé, avec une justesse… Cruelle. Particulièrement cruelle. Il n’avait même pas besoin de voir les images pour… Merde. Ça l’avait marqué en fait ? Éprouvait-il des remords ? Difficile à dire, si ce n’était que cela l’avait impacté, du moins, de la même manière que j’en avais été traumatisée à force et à force de regarder cette putain de vidéo pour essayer de comprendre. Je la connaissais aussi, et même si mon regard ne se trouvait pas sur ma tablette, les images me revenaient, me pinçant le cœur et serrant les dents au point de me faire mal à la mâchoire…

“Vous vous en souvenez hum…” Commençais-je, un peu sombrement, ayant presque un peu de mal à respirer. J’étais un peu… Surprise de ça, pour être honnête. Mais cela me foutait également en rogne qu’il ne se soit pas plus soucié de lui, de celui qui avait été son adversaire, qu’il avait envoyé au tapis. Mais après tout, vu les causes de cette merde… Ouais, normal. C’était le moment d'annoncer ce qu’il savait déjà de toute façon : “Il est mort avant même d’avoir atteint l’hôpital ce soir-là."

Une voiture passa juste dehors pile à ce moment-là, illuminant un peu plus le bar de ses phares. Et honnêtement, je crois que je commençais à trembler légèrement, mes mains moites n’aidaient en rien. J’étais si loin de New York, si loin de mon lit et de chez moi… Loin de moi-même en fait, tant je crois que je n’avais jamais ressenti de telles choses. Une colère telle au bord de l’explosion. J’étais une grenade dégoupillée, une roquette amorcée, un putain de météore qui fonçait droit sur sa gueule… Dans une idée, une conception volée et obscure de la justice. Celle qu’on avait refusé à Boris.

Et ça me révulsait que ce type soit là, qu’il se présente même en tant qu’un type sympa et tout, qu’il se dise même prêt à répondre à mes questions… Alors que je savais. Je savais cette putain de vérité de merde. Mais le pire était cette manière trop simple qu’il avait de se dédouaner, de simplement dire que ça n’avait pas été lui…

“C’était… Pas vous ? C’est ce que vous dites.”

Ça m’énervait. Vraiment.

“Me prenez pas pour une conne.”

Je me redressais un peu plus, reprenant ma tablette pour aller chercher une autre des pièces à conviction que j’avais pu réunir, tout en continuant mon explication.

“J’peux concevoir que sur cette vidéo, on aurait du mal à différencier quelqu’un d’un autre. La qualité est… est. Mais dans ce cas, va falloir m’expliquer juste un truc. Juste un.”

Et je reposais la tablette, d’une manière un peu plus brutale et agressive cette fois, montrant les résultats officiels des affrontements. Une pièce assez rare, vu ce qui s’était passé, beaucoup de choses avaient été couvertes pour étouffer au mieux la mort de Boris. Et dessus : Akashi Ellyot bat Boris Klein au premier round en une minute dix-sept secondes.

“Donc comment vous expliquez ça ?”

Je crois qu’il pouvait clairement comprendre rien qu’à ma respiration ou au ton de ma voix pourquoi j’étais là. Je n’étais pas une bonne actrice, clairement, et avec ce que j’avais amené sur la table, je crois que j’étais grillée. Tant pis. De toute façon, c’était dans son camp maintenant, et de mon côté, je bouillonais de plus en plus.

Je crois que je n’avais jamais été aussi essoufflée sans faire le moindre effort physique. Je n’avais jamais été une grande sportive hein, et ce que permettait mon éveil, c’était que je ne sois pas mal en point après avoir gravi les étages qui menaient à mon appart lorsque l’ascenseur était en panne. Mais là, ce n’était pas véritablement l’exercice, mais plutôt la sensation que j’avais. Ma gorge était nouée, j’avais du mal à respirer et je suais quelque peu. Je sentais que je risquais de tomber dans les vappes au moindre moment. C’était trop putain, c’était trop pour moi, et pourtant, je pouvais pas reculer. J’étais obligée d’avancer, quitte à rencontrer un mur comme un putain de PNJ…

Certains de mes ongles s’enfonçaient dans mon bras, lacérant ma peau. Et le pire, c’était que cette douleur était une des rares choses qui parvenait à me garder les pieds sur terre. J’étais en train de partir loin, de flotter dans un ouragan en pleine mer. Et pourtant, j’avais les yeux rivés sur lui, prête à encaisser ses aveux, à l’entendre dire que c’était lui.

Combien de fois m’étais-je passée cette scène en tête ? Je l’avais imaginé agressif, cherchant à me faire taire sitôt que j’en aurais découvert un peu trop sur ses véritables manigances, sans se douter que derrière le pistolet qui serait pointé sur lui il y avait une éveillée prête à le blaster sans autre mesure. Autrement, je l’avais aussi imaginé implorant, cherchant une rédemption, le pardon de ses crimes passés, et dans ce cas, ça m’aurait bien emmerdé… Car franchement, j’avais pas envie d’en arriver là. Mais je le devais. C’était pas à moi de pardonner non ?

Mais à la place… Il semblait être confus. Surpris déjà, probablement que quelqu’un puisse avoir fouillé aussi loin dans une affaire qui avait été officiellement classée, mais également… Presque malade. Je sais pas, il commença à déambuler le long de son bar, confus, avant de prendre son téléphone. Ça par contre, j’allais pas le laisser faire, et je commençais à mettre la main vers la poche intérieure de mon habit, avant que… Qu’il ne me montre l’écran. Je reconnaissais ce nom, celui de l’organisation. Une personne que j’avais essayée de contacter un nombre beaucoup trop grand de fois. Il pouvait le joindre ? Ça m’arrangerait aussi.

“En haut-parleur alors.”

Ouais, je m’imposais, et ça me faisait terriblement bizarre. Cependant… Une piste aussi décevante que toutes mes précédentes recherches. Juste une voix qui annonçait une terrible nouvelle : Plus attribué. Tss… Fausse piste, encore et toujours.

Mais ça changeait pas grand chose en fait, même si je me demandais pourquoi il avait cherché à le joindre. Pour essayer de comprendre ce qui avait merdé et comment cette vidéo était parvenue en ligne ? Vu comment ils avaient caché leurs traces, c’était assez clair qu’ils faisaient en sorte de ne pas être trouvés. J’espérais qu’il fasse tomber le masque, qu’il fasse au moins preuve d'honnêteté face à la fin. Merde… Ce genre de pensée était terriblement glauque tout de même…

Et lorsqu’il frappa de colère le bar, je n’eu pas besoin de traducteur pour le comprendre celui-là. J’avais encore mes bases de français. Une injure sortie du cœur tout de même, mais qui… Bah qui paraissait être tellement honnête ? Je sais pas, c’était pas le genre de truc qui se mimait. En tout cas, ça paraissait clairement être le cas d’une personne qui se sentait trahie. Après, était-ce car j’étais finalement arrivée jusqu’à lui, ou… Non, probablement pas. Enfin je l’espérais.

Et maintenant il se servait à boire, probablement histoire de s’offrir ses derniers verres. Un peu comme la cigarette du condamné en gros. Mais… C’était l’heure de ses explications. Mais pas de ses aveux. Il annonçait du coup, en gros, que les résultats étaient trafiqués pour lui faire porter le chapeau. C’était gros tout de même.

“J’ai pas de raison de te croire.” Fis-je. De toute façon, on avait passé le cap du tutoiement. Un peu bizarre en fait… Mais je crois qu’aucun de nous deux n’avait encore de politesse ou de civilité à faire preuve. J’allais sortir quoi ? Je te souhaite de crever en enfer, cordialement ? J’en étais pas à ce niveau là. Cependant, il soulevait quelques points, par rapport à la vidéo.

Le premier était par rapport à sa position. Il se disait gaucher instinctif ? C’était arrangeant quand même, surtout qu’il suffisait de retourner les images pour maquiller. Cependant, c’était quelque chose qui pouvait être vérifié via d’autres vidéos ça. Il devait bien y avoir deux-trois vidéos de lui en train de se battre et de, instinctivement, se mettre en position. Peut-être à vrai dire… C’était en tout cas le moins bête que j’entendais. Par contre, pour la suite… Son second point, qui concernait les sons, était un peu cassé.

“Et dans Akashi, y’a quoi ?”

Bon, d’un côté, ça ferait qu’ils appeleraient l’un par le prénom, et le local par son nom de famille, mais qu’est-ce que j’en savais ? C’était les mystères de la MMA ça, et clairement, à part pour mon enquête, j’étais pas une grande experte dans le domaine. Puis surtout, y’avait une autre preuve. J’accélérais la vidéo jusqu’à la fin du combat, où l’annonceur présentait clairement le gagnant. Il aurait peut-être dû l’écouter jusqu’à la fin…

“Et là. La qualité reste mauvaise, mais on entend bien ton nom.”

Cependant, je notais qu’il essayait de se défendre avec des arguments assez concrets, et pas simplement avec un “j’te jure que c’est pas moi”. Puis même si celui-ci était un peu cassé, je pense pas qu’il l’aurait présenté s’il avait conscience de cette vidéo, ou du match. C’était… Un peu trop gros quand même.

Et enfin, sa situation. Il avait quitté la Belgique pour le Japon et revenait très occasionnellement au pays, parfois pour des matchs. Les raisons ? Pas forcément très expliquées, et le fait d’entretenir le mystère n’aidait pas sa cause, surtout que bon… C’était pas forcément très concluant.

“J’te connais pas. J’sais pas si t’as besoin d’argent ou pas. J’sais pas si t’as la mafia au cul ou des investissements de crypto-monnaies qui sombrent.”

Donc ouais, encore une fois, j’étais pas convaincue de son innocence, loin de là. Cependant, je pouvais tout de même déjà vérifier ses premiers dires. S’il m’avait mentit à ce sujet, au moins je serais fixée et je pourrais conclure cette sombre soirée. Au contraire, sinon… Tss… Je ne savais pas encore.

“Mais ouais, pour ton premier point… On va regarder d’autres vidéos du coup.”

Je tapais rapidement, cherchant une vidéo youtube d’un précédent match. Et ce fut rapide. Les vidéos ne dépassaient pas les 700 vues dans le meilleur des cas. Fallait croire que ce n’était pas une star du domaine. Restait juste à confirmer ce qu’il disait.

“J’espère pour toi que tu me mens pas.”

Ainsi passa la lecture de la vidéo. Putain, c’était long. Juste la présentation des personnes, juste les introductions. Je passais ça en accéléré, c’était pas le genre de truc que j’avais besoin là maintenant. Cependant, à regarder le match avec mes yeux de néophyte, alternant mon regard entre lui et… Lui sur la vidéo histoire d’être sûre. Au moins, la qualité était meilleure, mais… Attends !

“Là ?”

Je repassais les cinq précédentes secondes. Effectivement, il avait mis sa jambe droite en avant, avant de se raviser pour remettre la gauche. Une erreur qui lui avait valu l’espace d’après une sacrée mandale, un bon gros crochet dans le visage. Le genre de truc qui, perso, m'enverrait à l’hosto. Mais c’était une autre histoire ça.

“Humpf…”

Je reprenais au hasard une autre vidéo, un autre match, essayant de confirmer. Je ne pouvais pas me baser que sur une simple coïncidence. Mais rapidement, au début de l’autre, même erreur, même si cette fois-ci, il avait esquivé. Et clairement, s’il avait eu ce genre de faux-pas face à Boris, même en PLS, il aurait sauté sur l’occasion. Là, ça avait été un no-match complet. Une démonstration macabre et funèbre.

Putain, ça m’énervait. Pourquoi c’était forcément plus complexe que prévu ? Pourquoi il fallait que ce soit ce genre de choses qui me pourrissait la vie ?! Sérieusement ! Surtout qu’en plus, je me recevais de la fumée dans la gueule. Pas la meilleure soirée hein… Cependant, je devais admettre que c’était louche. Un truc que j’avais soulevé rapidement à la base, mais que j’avais fini par accepter… Boris parlait d’un match face à un petit nouveau, et lui… Eh bien, même s’il revenait qu’assez peu en Belgique, en avant quelques-uns. Bizarre…

“Hum… Laisses-moi deux minutes.”

Ouais, je lui cassais ça en plein milieu. Je pris ma tablette dans mes mains, avant de commencer à taper dessus à grande vitesse. J’étais clairement nerveuse hein, ça se ressentait rien que dans mes inputs, mais vu le nombre que je faisais… J’avais comme qui dirait besoin de vérifier quelque chose. Peut-être histoire d’avoir une conscience tranquille dans le pire des cas, ou de sauver une vie dans le meilleur.

Merde, je doutais…

Bref, un souffle agacé contre moi-même plus tard ainsi que des analyses sur un logiciel qui, s’il regardait, ne devait absolument rien lui dire, et la conclusion était… Eh bien, ce qu’elle était. Je venais d’analyser une partie de l’enregistrement de la vidéo. J’avais dû passer des heures à travailler l’audio, étant donné que je bossais sur un traducteur, et ça m’était au moins un peu utile, car en peu de temps, je vins à isoler quelque chose. Un truc qui… Merde, continuait de semer le doute.

“Hum… De ce que je vois, lorsque l’annonceur présente le vainqueur, j’ai l’impression qu’il y a comme un truc bizarre. Lorsqu’il dit ton nom, y’a 12% plus d’intensité dans les sons aigus que lors du reste.”

Autrement dit, soit l’annonceur terminait de muer en plein milieu de la cinquantaine, soit… Eh bien, je tenais peut-être une piste. Une piste qui, peut-être, pourrait être concluante. Enfin je disais ça, c’était simplement sur un motif d’espoir.

“J’ai pas envie de faire une connerie. Donc je vais analyser ça. J’ai besoin de quinze minutes, pas plus.” Cependant, mon teint livide parlait de lui-même. Et je crois que j’avais besoin d’un passage express. “Et que tu m’indiques les toilettes…”

Putain, j’en faisais une bonne moi… Tellement mal en point que je me retrouvais dans les toilettes de la personne que je menaçais, à vomir. Je sais pas ce que je pouvais dégobiller en plus… Eurgh, c’était écœurant, et j’étais putain de mal en point… Bon, un petit passage au lavabo en vitesse histoire de me rincer, avant de sortir, pleine de vertige encore, mais déterminée à mettre le doigt là où ça faisait mal.

Et en y repensant… Euh, j’aurais peut-être dû prendre son téléphone ? Oh puis merde, s’il avait appelé les flics, je le descendrais direct. Je savais de toute façon que si je m’engageais dans cette voie là je serais foutue, donc autant l’être pour de bon. Et ça me faisait super froid dans le dos de penser comme ça. Mais c’était la réalité. La mienne. La soirée où je passais dans un monde obscur, ou l’inverse. Ou je ne sais quoi.

De toute façon, j’avais besoin de mes écouteurs et de ma tablette, où je commençais à télécharger les différentes vidéos que je pouvais trouver. Je devais tomber sur un moyen de faire un lien, d’expliquer cette différence sonore. J’avais mes pistes, mais je devais les explorer. Cependant, un petit passage sur mon timer histoire d’éviter les problèmes, laissant encore un sursis à ce type qui… Dont je doutais de la culpabilité. Pourquoi j’en étais là ? A hésiter ? A vouloir peut-être sauver un type qui était dans ses emmerdes ? Ou c’était pour moi ? Pour éviter que je ne fasse une erreur terrible…

Je ne devais pas y penser, seulement faire ce que je savais faire. Décrypter, analyser, comparer, bidouiller, obtenir tout ce que j’avais besoin pour en arriver là. Et au bout du fameux quart-d’heure, peut-être un peu plus, je poussais un souffle alarmé :

“Scheisse…”

Et il venait du cœur. Car j’avais trouvé ce que j’avais besoin. Je fis signe à ce type de venir, histoire de lui montrer cette fameuse conclusion.

“J’ai comparée les enregistrements de tes matchs, et je suis passée par un paquet de filtre et tout pour en arriver là, mais… Je suis formelle dessus. C’était bien cet annonceur qui l’a dit. Mais c’est pas le même appareil qui l’a enregistré. Autrement dit…”

Je ravalais ma salive, face à cette conclusion. Une que je n’aurais jamais pensé trouver.

“Cette vidéo est putain de montage.”

Et sur ces mots, je tombais par terre, bras écartés, sur le dos, sur le sol. J’étais… Un peu comme une étoile là. Mais tombée par terre. Le choc avait été un peu douloureux, mais mes yeux vides et pourtant grand ouverts témoignaient d’une détresse que je ne comprenais même pas. Et pourtant, c’était clair non ? Je venais de frôler de commettre l’irréparable.

“J’ai failli prendre ta vie. J’ai hésité à le faire. Je sais pas combien de fois j’ai hésité à le faire. Et pour apprendre que. Que. Que…”

Je pleurais. Je crois ? Je crois non. Peut-être. Merde, je savais pas. Je passais ma main droite sur mes yeux. Humides. Je saignais ? Ou pleurais. Putain. Je sentais plus mon nez. Ni ma main. Je devais trembler en plus.

“Où j’en suis dans ma vie putain ?”

Je me sentais… Bizarre. Complètement vidée. J’avais une énorme retombée d’adrénaline qui faisait que j’avais des vertiges qui… Etaient juste sans précédents. Chaque fois que mon cœur battait, je sentais que mes tempes explosaient à moitié, le tout en me donnant un mal de crâne pas possible. Ma tête était lourde, comprimée, et je hoquetais à moitié. Ouais, pour simplifier, mes nerfs venaient de complètement lâcher et étaient en train de me faire une mini-crise de panique.

Punaise, je devais avoir l’air fine. J’étais entrée dans ce bar pour tuer ce type, et voilà que j’étais allongée en plein bad trip émotionnel. Ma gorge était ultra sèche en plus, j’étouffais un peu, et je sentais que j’avais probablement mal sur la moindre parcelle de mon corps. Un rien me dérangeait alors que, dans les faits, je crois que je ne sentais plus grand chose. C’était… Vraiment particulier, et la prochaine étape pourrait bien être quelques hallucinations qui me termineraient. Mais bon, je préférais tout de même éviter de tomber dans les vapes, même si j’étais vraiment tout sauf glorieuse actuellement.

Ouais, c’était une vendetta… Pas terrible.

Cependant, je fus un peu sortie de ma transe de PLS par une autre voix. Fin, il y avait bien eu lui qui avait appelé quelqu’un, mais… Je crois que je m’attendais plus à la police ou à une ambulance qu’à une gamine qui… Me disait bonsoir ? Euh… Je crois que j’étais un peu confuse là, et d’un oeil encore embué de larme, je la vis. Tain, elle devait même pas avoir dix ans en plus ! Il avait une fille ? Minute, il avait une fille ?! Oh merde !

“Euh…” Fis-je, un peu confuse avant de me redresser, au moins pour pas être complètement par terre. Si j’étais assise, c’était déjà un peu mieux non ? J’essuyais d’une manche rapidement les larmes qui restaient avant de renifler un grand coup, faisant quelques efforts un peu vain pour paraître présentable, avant de répondre, d’un sourire qui se voulait être un peu rassurant dans la situation dans laquelle je me trouvais : “Hey ?”

Ouais… C’était pas terrible, mais je crois que c’était le mieux que je pouvais faire dans mon état. Fallait pas trop m’en demander là actuellement. Je venais d’éviter de faire une connerie monumentale, et la présence de cette fillette me rendait encore plus sujette à la culpabilité. J’avais faillit faire une orpheline… Putain, j’allais devoir me donner des baffes jusqu’à ne plus sentir la moindre de mes joues.

Cependant… Lui de son côté m’invita à me relever. Ou au moins m’asseoir sur un tabouret. Il était en train de cuisiner un truc. Des ramens instantanés ? Damn… Je crois que la situation devenait de plus en plus pathétique pour moi.

“Je crois que la propreté du sol est ma dernière priorité en ce moment… Mais ouais, ça serait mieux.”

Mais relever mon derrière fut pas si aisé. J’étais vraiment vidée de mon énergie, comme si j’enchainais ma troisième nuit blanche. Je vacillais un peu, manquant de retomber, avant de finalement réussir à atteindre le tabouret qui était atrocement haut. Je me sentais… Pas terrible quand même.

Et je me laissais à aller à un énorme soupir en posant les deux mains sur mon visages. Un poil fort quand même, car je vis des traces rouges sur mes joues, comme si j’avais voulue me griffer. Et le pire c’était que je ressentais rien encore. C’était ça que Naomi ressentait tout le temps ? Merde, pas le moment de penser à ça.

“Euh… Bon…”

Pire introduction. Mais je crois que la glace avait déjà été brisée de toute façon. On était déjà au stade de se tutoyer. Pas pour me déplaire.

“Hum… Désolé d’avoir grandement envisagée de te tuer ?”

Et je me facepalmais. Fort. Un bon claquement sur mon front. Comment je pouvais être plus étrange que ça ? Non, pas de réponse. J’avais pas besoin d’idées.

“Tain, merde quoi… C’est quoi cette histoire encore…”

Je pensais en avoir enfin finie, qu’après ce soir, ce serait ultimement terminé. Mais non, pas le moins du monde. Ça ne faisait que recommencer. Et avec ça, j’étais au point mort… Et je crois que j’allais être mal pendant un long moment. Cependant, fallait peut-être que j’essaye de recommencer sur des bases plus saines ? Enfin, c’était un peu tard pour ça, mais bon…

“Euh… Je m’appelle Julia. Boris était mon meilleur ami. L’affaire à propos de sa mort a été complètement étouffée, mais… J’ai la preuve qu’il a été empoisonné ce soir là. Et là, je découvre que les responsables ont tentés de te mettre ça sur le dos, et pas qu’un peu.”

Je soupirais une nouvelle fois, mal en point tout de même, reniflant une nouvelle fois pendant que je continuais de trembler. Cependant, j’avais une question pour lui :

“Et, hum… La fille qu’il y avait… C’est la tienne ? Je savais pas que tu en avais une…”

Donc… Je me retrouvais à taper la causette avec la personne pour qui, jusqu’à maintenant, j’avais eu le plus de colère et de haine de probablement toute ma vie. Il fallait dire que je l’avais tenu responsable de la mort de Boris, et ça avait été peut-être le moyen pour moi de mettre mes émotions négatives dans une seule chose… D’abord un nom, puis une photo, et ensuite sur toutes les informations que j’avais pû trouver sur lui. La Belgique ? Un pays de connard. Les barmans ? Tous des pourris. Mais maintenant que je me retrouvais face à mon erreur… Ouais, j’pouvais pas m’empêcher de trouver ça stupide. De me trouver stupide. Surtout que bon… Il avait l’air plutôt sympa, même face à une personne qui était entrée avec des intentions bien sombres.

Raaah… Ça faisait toujours chier d’admettre que je m’étais trompée, mais… Dans les faits, tout ça c’était dans ma tête. J’allais juste devoir balayer les idées que je m’étais faite. Il n’y avait rien de complètement brisé là, si ce n’était du temps perdu et probablement une bien piètre image de moi. Mais bon, j’étais dans l’erreur, c’était tout ce qu’il y avait à dire et à balancer.

Mais ouais, s’il me remerciait de pas avoir fait la pire connerie de ma vie, les présentations furent un peu… Comment dire, à sens unique, vu comment je savais des trucs sur lui. Ça me laissa échapper un léger sourire, au milieu de ce bordel, dont la simple énumération suffisait à me donner le vertige.

“Ouais… C’est bien plus compliqué que ce que je pensais…”

J’avais bien envie de me cogner la tête contre le bar. Peut-être que si je le faisais suffisamment fort, toute cette histoire s’arrêterait. Bon, c’était vrai, mais je préférais éviter, à tout hasard, d’exploser mon crane sur le meuble. Et lorsqu’il posa un bol de ramen face à moi, je regardais le plat de manière complètement incrédule, limite le menton posée sur le meuble, à me demander ce qu’il voulait que j’en fasse. Évidemment, y’avait pas milles et unes manières de faire, mais… Hum… Voilà.

Cependant, un truc que je n’avais pas du tout prévu était sa fille, et il présenta la chose… Donc, ce n’était pas la sienne, enfin si, mais dans un sens adoptif. La fille de sa meilleure amie, dont-il me montrait la photo. Une chasseuse visiblement, morte en Australie lors du bordel qui sa passa là-bas… Sur le coup, j’me demandais un peu comment me verrais Scary si savait pour cette soirée. Probablement mal… Ah, merde… Dans tous les cas, la petite avait fini à sa charge, et elle était là ce soir.

“J’en savais rien.” Admis-je complètement, signifiant que mes recherches avaient été… Lacunaires. En même temps, y’avait des raisons que ça me soit échappé, et de l’autre… Punaise, on parlait tout de même d’un enfant à charge ! Et j’avais faillit lui en mettre une sans remords ! Tain, heureusement que je l’avais pas fait… Je posais mes deux coudes sur le bar, croisant les bras avant d’y enfoncer ma tête dedans, à la fois soulagée et honteuse.

“Punaise, heureusement que je l’ai pas fait…” Commençais-je dans un soupir un peu étouffé, avant de relever la tête. J’allais avouer une sorte de faiblesse : “Si j’avais su ça… Je sais pas ce que j’aurais fait. En fait si. J’aurais rien fait. Même si t’étais coupable. Je sais c’que ça fait de perdre son père comme ça, du jour au lendemain… J’aurais pas été capable de faire une orpheline.”

Même si ce n’était pas un lien de sang, mais rien que d’imaginer… J’avais beaucoup souffert de la disparition de mon père, et d’infliger la même chose… J’aurais juste pas pu. Etait-ce une vulnérabilité d’admettre ça ? Déjà que de penser d’ôter la vie de quelqu’un était particulièrement difficile pour moi, faire un truc comme ça… Je me remerciais d’avoir prit le temps d’être sûre.

Prenant avec hésitation le bol de ramen, je l’avançais un petit peu vers moi, histoire que mes narines puissent sentir autre chose que mes larmes. Hum… Salé aussi à vrai dire. Mais rien que le contact de la chaleur était… Un peu apaisant, et pour le moment, ça me servait plus de bouillote qu’autre chose. Pendant ce temps, Ellyot fit le tour du bar afin de se poser, et… De me simplement me poser des questions sur la suite. Cependant… Il me proposait son aide ?

“Attends, tu me proposes un coup de main ? Malgré tout ?! Euh je… Je saurais pas dire si t’es trop clément ou un peu con. Peut-être les deux en fait…” Fis-je en écarquillant les yeux face à lui, avant que la réalité me rattrape. “Enfin, je suis mal placée pour te faire la leçon de toute façon. Et puis… On a voulu te faire porter le chapeau, probablement car vu que t’es à l’étranger, y’avait peu de chance que ça te retombe dessus. D’ailleurs…”

Je pris mon téléphone, afin de couper définitivement mon plan de secours.

“Histoire que j’évite de te rajouter encore plus de problèmes. C’était… Au cas-où ça se passait mal… C’était ma précaution.”

Mais bon, ça ne répondait pas à sa question sur ce que j’allais faire.

“Dans l’immédiat j’en sais rien… Y’a des gens qu’ont clairement voulu s’arranger pour que Boris soit pas en état de se battre, et derrière maquiller la vérité. C’était peut-être pas leur but de le tuer, mais… Ils ont tout fait pour que l’enquête soit bouclée sans preuve, et derrière… Eh bien, ils ont peut-être remarqués que je cherchais, d’où la vidéo… Elle était dure à trouver, et elle a disparue peu de temps après que je l’ai eu.”

Je fis un peu la moue pour le coup. Cela me ramenait à la case départ. Plus loin encore même.

“Va falloir que je cherche du côté de chaque combattant qu’il y a eu ce soir là. Et encore, pas sûr de trouver quelque chose. S’ils ont maquillés à ce point, ça risque d’être compromis… Tss…”

Par instant, mes yeux se fermaient. Comme si toute l’adrénaline de mon corps était en train de me quitter, pour me faire avoir le contrecoup le plus sévère que je pouvais avoir. Forcément, c’était pas très agréable à ressentir, du moins, pas dans cette situation là. Je crois que j’étais plus forcément très lucide de toute façon. J’avais les yeux qui piquaient, les dents bien douloureuses et la tête qui risquait d’exploser à chaque seconde. Le tout cumulé était une estimation bien faible de la détresse psychologique dans laquelle je m’étais enfoncée.

Mais ouais… J’allais devoir faire d’autres choses. J’allais devoir fouiller, retourner tout le net, les lieux en questions et la moindre piste pour trouver des informations sur ce qui c’était réellement passé ce soir là. Et même en questionnant les combattants il y avait des chances que je ne parvienne pas à trouver ce qu’il me fallait. C’était que bon, si toute cette histoire était une machination organisée en coulisse, eh bien… Bref, il fallait encore que je trouve le véritable coupable de cette affaire, et que derrière je… Je sais pas.

Je sais pas si je serais capable de plonger encore. Cette fois là m’avait servie de cruelle leçon sur des choses que je ne controlais pas. J’aurais dû écouter Naomi, et me dire que c’était une mauvaise idée. Il n’était pas encore trop tard pour le coup, et j’avais la chance de ne pas avoir souillé mon âme avec la vie de quelqu’un, mais bon… Si je voulais trouver les véritables coupables, c’était pour faire quoi derrière ? Leur dire que c’était pas bien ce qu’ils ont fait ? Qu’ils devaient arrêter et aller en prison ? Fallait que je sois lucide. Ces types avaient de l’argent et la police dans leur poche.

Cependant, Ellyot avait une idée derrière la tête et griffona rapidement une petite note, sur laquelel figurait trois nom. Trois types qui devraient être clean normalement, et qui pourraient m’informer un peu plus en détail sur ce qui s’est passé lors de cette terrible soirée. Peut-être que l’un d’eux avait partagé son vestiaire qui sait ? Ça pourrait être en effet quelque chose, même s’il fallait que je sois prudente concernant cette affaire.

“C’était de l’arsenic. Une faible dose, mais suffisante pour tuer, ou au moins être clairement handicapante. Si c’était pas pour tuer, jamais il aurait pu gagner avec ça. J’irais prendre contact avec eux. Peut-être qu’un pourra me dire ce qu’il a prit avant. Ils ont forcément dû lui faire manger un truc avant son match.”

Mais quoi ? J’vais pas dire qu’il bouffait de tout ce con, mais… En fait si. Ah… Il m’arrangeait pas…

“Et d’où ça peut venir… Je sais pas. Mais vu comment ils ont couvert leurs traces, ça m’étonnerait pas que ça ait été acheté dans un autre pays et discrètement amené là. Ou du marché noir tout simplement. Autrement dit, ça parait difficile de remonter sur ça.”

Difficile ouais, mais pas forcément impossible… Enfin, pour une experte. J’en étais une, quand j’étais inspirée, mais bon, c’était quand même super dur. Un nouveau soupir alors que je pris un peu des ramens qui m’avaient été servis. Même si l’appétit n’était pas là, je m’efforçais au moins de manger un peu. Cependant, il essayait d’être prévenant avec moi, vu la soirée que j’avais passé, mais… Ouais, c’était un peu difficile.

“Merci d’essayer, mais… Je sais pas. Ce soir je suis super confuse en fait… D’un côté ça m’énerve de pas avoir mettre un point final à cette affaire et de devoir recommencer de zéro, et de l’autre je réalise à quel point j’aurais fait une connerie en le faisant, sur tellement d’aspects…”

C’était tout de même pénible à admettre, mais bon.

“T’étais jusqu’à ce soir la personne que je détestais le plus au monde. T’imagines pas à quel point… Et maintenant, je… Fin, je peux pas dire que je te porte dans mon coeur, j’ai pas spécialement digéré tout ça. Mais j’suis forcée d’admettre que t’es un mec bien. Du peu que j’en sais en fait. Donc euh…”

Ouais, je me perdais un peu.

“Fais-en sorte qu’il t’arrive rien, je crois ?”

Je soufflais une nouvelle fois face à la betise que je venais dire. Posant un billet sur le comptoir, et écrivant mon numéro sur post-it, je sautais du haut tabouret pour essayer de marcher. Mon équilibre était encore précaire, mais… J’allais pouvoir quitter cet endroit.

“Je crois que j’ai besoin de dormir. J’vais juste… Rentrer chez moi. J’t’envoie des trucs dès que j’ai du nouveau.”

Ah… Ce type passait quand même de ma cible à mon partenaire. Quelle connerie putain… Mais bon, c’était la vie.