C’est un peu…particulier, de passer un portail. La dernière fois, j’étais juste une morte ambulante, choquée et confuse par les évènements qui me dépassaient, ayant suivit sans réfléchir un agent d’Istanbul qui se présentait comme un sauveur. Sans avoir dans quelle galère j’allais finir.
Bon,  c’est surement mieux que se retrouver isolée dans une prison avec un collier pour le restant de mes jours, donc j’imagine que dans la balance de mon avis sur lui il devrait y avoir 51% de remerciements et 49% d’insultes. Mais j’suis pas douée pour les remerciements.

Paf, un voile de lumière qui m’enveloppe, et me voilà en quelques secondes à des milliers de kilomètres de la Turquie. Je me demande s’ils ont des dysfonctionnements, des fois? Genre envoyer quelqu’un pas du tout au bon endroit? Voire dans un donjon?
…Ouais, autant éviter d’y penser.

Et voilà donc mes premiers pas aux USA. J’en sais autant sur ce coin que n’importe quelle adolescente gavée aux séries ricaines, avec des canons de beauté partout à l’écran et des répliques cinglantes: c’est à dire que les américains ressemblent pas tous à ça en vrai. Enfin, j’ai rien contre eux, j’ai une amie demi-américaine ! Et fût un temps, je rêvais de devenir une super-héroïne… mais c’était dans une autre vie.

Après avoir vérifié la position du rendez-vous sur mon smartphone, je prend connaissance des transports en commun et des taxis, me tapant bien quelques heures de voyage avant d’arriver à destination: un portail en plein milieu de la cambrousse, devant lequel une partie du groupe est déjà prête.

Yep’. Tout ça, c’est encore pour un donjon. Qui l’aurait cru après mon expérience avec ce putain de repaire d’oiseaux? Eh ben celui-ci n’est pas par choix. On m’a…gentillement demandé de prendre de l’expérience en combat pour mes “prochaines assignations”, et quoi de mieux pour se former que d’aller risquer sa vie je sais pas où, contre je sais pas quoi, avec je sais pas qui?
Quoique, je sais qui. J’ai au moins un nom: Laura White. Une formatrice de la guilde des chasseurs que mes patrons ont contacté pour apprendre les bases à une petite rang E comme moi.

Du coup je m’approche du groupe, et sans chercher à spécialement identifier visuellement ma formatrice, je balance:

“Y’a une Laura White, ici?”

La machine a café s’activa en pressant le doigt sur le petit voyant vert, versant le liquide marron chauffé remplir un gobelet en carton en guise de récipient, laissant une fine fumée blanche s’élevée.
Le bruit de la pièce était un brouhaha ambiant basé sur le claquement des talents ou un mélange de conversation entre collègues en tenue de travail.
C’était un mercredi, un jour comme les autres, en plein milieu de la semaine et où chaque personne devait accomplir ses tâches dans l’entreprise.
Certains étaient à la bourre pour rendre un dossier, d’autres prenaient leur pause tranquillement leur entre deux, s’échangeant parfois des informations ou tout simplement pour parler du temps qui passe.

Laura était devant la cafetière, attendant qu’elle lui fournit le breuvage dont elle avait besoin.
Elle appréciait le goût du café, même s’il venait d’une simple capsule sortit tout droit d’usine faite à la vite, c’était toujours mieux que ce fournissait l’armée lors de ses expéditions à l’extérieur.

- Miss White.

- Hm ?

- L’affaire sur l’homicide qui a eu lieu dans la rue Jefferson avance ?

- Pour le moment, rien de spéciale.

Elle récupéra sa tasse avec une de ses mains avant de se retourner vers son collègue.
Une femme en 2 pièces noir se tenait à ses côtés, une personne qu’elle voyait souvent et dont ils discutaient souvent travail ensemble, s’échangeant parfois des idées sur leur manière de faire pour résoudre certains problèmes. Une personne agréable en soit.

- Tu as au moins un mobile ?

- Je pars sur la piste du cambriolage qui a mal tournée. L’appartement est bien placée, pas loin du centre-ville. Ce sont fréquemment ceux ayant les moyens de se payer ce genre de luxe qui vivent là-bas. Les résultats des tests ne sont pas encore arrivés et la victime est morte par strangulation.

- La position de l’appartement ?

- 5 ème étage, vue avec balcon.

- D’où le fait que l’on suppose que le tueur est un chasseur.

Laura hocha d’un signe de tête.
La guilde des chasseurs.
Une guilde qui travail conjointement avec le gouvernement sur tout ce qui touche au monde des chasseurs afin de crée une régulation sur ces derniers afin de faire respecter l’ordre et les lois du pays.
Elle ne remplace pas la police, elle même existe encore et garde la même position qu’avant le début de l’apparition des donjons et des éveillés.
Cependant, un criminel qui peut être maîtrisé avec quelques hommes ou un taser et un surhomme pouvant détruire des murs en béton et courir aussi vite qu’une automobile sont deux choses différentes.
Le premier cas est laisser aux non éveillés.
Le second cas, la guilde des chasseurs s’en occupe.
Une guilde autant faite pour encadrer le monde des chasseurs, mais aussi en tant qu’agent de sécurité.
Une seconde police. Une police spéciale avec leurs restrictions, mais aussi leurs privilèges, composé elle-même de chasseurs dans leurs rangs.

- De toute façon, je ne peux rien faire de plus pour le moment. J’ai aussi le rapport sur l’affaire du donjon au marécage de Hackensack à finir.

- Celle qui en parlait aux informations par rapport au trafic de cristaux qui allaient au marché noir ?

Un « hm hm » confirma les dires de sa collègue pendant que la blonde savourait sa seconde tasse de café.
Les deux bavardaient pendant plusieurs minutes, avant que l’ancienne militaire lui face ses adieux :
On l’appelait sur un autre front.


Quelques heures après son départ, Laura avait troquer une paire de chaussures confortable qui se trouvaient dans le coffre de sa voiture contre celles qu’elle avait habituellement aux pieds et un pantalon de la même couleur que son deux pièces.
Devoir marcher dans un donjon avec des talons et une jupe pour femme étaient tout aussi pratique que de faire une randonnée pédestre dans la forêt d’Amazonie avec des getas.
Elle feuilleta le dossier une dernière fois dans ses mains avant de s’avancer vers le groupe.

Un entraînement.
Pour faire simple, Laura était de ceux ayant une multitude de compétences dans plusieurs domaines que la guilde voulait mettre en avant.
Chasse aux monstres, comment s’occuper d’un groupe, l’essentiel sur comment faire pour survivre dans un donjon.

En trois mots : Apprendre les bases.

Forte de son vécue et de son savoir faire, la guilde lui avait proposée un contrat spéciale afin qu’elle puisse remplir plusieurs fonctions en échange d’effectuer ce genre de mission.
Elle n’était pas l’unique cas, mais ceux qui faisaient ce genre de tâche étaient peu présent pour divers raisons.

Ses pas l’amenèrent vers le groupe préparée contre ce qui vivaient de l’autre côté de ce trou de ver d’une étrange couleur : un portail.
À part le fait qu’un autre monde existe au-delà de cette distorsion et que des monstres y résidant souhaitaient s’accaparer les terres d’ici et du reste du globe, il n’y avait pas d’autres scoops.

L’ancienne de l’armée stoppa sa route en dévisageant un à un les challengers, jaugeant chacune de leurs capacités avec son expérience et son savoir-faire.

- 10. Tous rang E.

Le bas de plafond des éveillés dans le monde des chasseurs.
Ceux qui la nature ne leur a pas donnée de cadeau et qu’elle offrit assez de force pour repousser le plus faible des envahisseurs.
À l’armée, ils étaient soit prit en tant que chair à canon, soit ils servaient dans la logistique. Un éveillé restait un éveillé, même faible, il pouvait servir.
Elle ne faisait pas partit de ceux qui prenaient les plus faibles qu'eux de haut, de son point de vue, chacun a ses propres talents et capacités.
Personne n'est égaux.

- Votre attention à tous ; Laura leva la voix de manière à ce qu’ils tendent l’oreille, mélangeant un timbre de voix fort et un ton autoritaire, marchant entre temps pour se mettre devant le portail ; à partir de maintenant, vous devrez porter attention à tout ce que je vous dis, sous peine d’en subir les conséquences. Vous êtes ici pour apprendre comment survivre en entrant dans ça ; elle pointa du pouce pour désigner le portail et reprit ; je vais être direct : je n’interviendrais physiquement que si je le dois. Mon enseignement se base sur l’écoute et l’expérience. Je vous parle, vous enregistrez et vous apprenez sur le tas. Est-ce bien clair ?

Ses yeux bleus acérés fixèrent les nouveaux venus du monde des chasseurs.
Certains resteront, d’autres ne reviendront pas et le reste mourra.
Une dure réalité qu’ils doivent s’installer dans l’intérieur de leur crâne.
Ces lieux ne sont pas des camps de vacances, ni un simple jeu.

Ces endroits peuvent abrités l’Enfer.

- Bien, si vous n’avez pas fait la répartition du groupe, je vous laisse encore-

Le reste de sa phrase s’étouffa dans la gorge pour ne jamais en ressortir. Interloquée, par la soudaine question, la demoiselle tourna sa vision sur la nouvelle arrivante.
En retard ? Non, il lui restait encore quelques minutes.

- Naomi Sharon, est-ce bien ça ? Répondit-elle sa question par une autre, lui offrant une réponse à sa manière ; Vos camarades sont bientôt près, besoin de quelques minutes pour vous équipez ? Si ce n’est pas le cas, vous pouvez vous joindre au groupe ; Elle porta son attention sur le reste ; Je pense que vous n’avez pas besoin que je vous récapitule sur le fait du nombre obligatoire et de la répartition de chacun des membres ? Les positions sur les premières, deuxième et troisième ligne ? Si c’est le cas, levez la main et je répondrai à vos questions, à part si l’un d’entre vous veux le faire à ma place.

L’apprentissage passe par la volonté d’apprendre et d’oser lorsqu’il le faut, à voir s’ils étaient de ceux qui veulent s’éduquer ou non.

Merde, on m’avait parlé d’une inspectrice, on m’a pas menti. Clairement, elle se positionne tout de suite comme une cheffe militaire, une coordinatrice de troupes qu’à pas froid aux yeux. Pour envoyer des gens dans des coins aussi tordus et imprévisibles que des failles spatio-temporelles d’où sortent les pires saloperies que l’humain puisse imaginer, je suppose qu’il faut au moins ça.
Je lui montre alors mes mains vides:

“Euh…nan, j’ai pas d’équipement. Fallait en amener?”

J’ai cru comprendre qu’il y avait des boutiques spécialisées pour chasseur, mais franchement je galère déjà tellement à tenir les fins de mois que me renseigner dessus m’est même pas venu à l’esprit. Du coup on fera sans.
Une fois le groupe rejoint, la formatrice attaque directement sur les sujets techniques digne de l’armée. Des rôles? Des lignes? Des positions? Qu’est ce que quoi? Arrivée depuis même pas cinq minutes, je suis déjà paumée.
J’ai l’impression d’être retournée au lycée, avec des cours théoriques ennuyeux à mourir et des profs qui aiment s’écouter parler.

Bon…Bien entendu, j’ai été inscrite ici avec un faux dossier, du genre qui évite de m’associer avec…un certain drame. Malgré tout, on m’a conseillé de faire profil bas au cas où mais…
Je peux pas m’en empêcher.

“La dernière fois que j’ai vu quelqu’un essayer de donner des leçons, il s’est fait attraper par une créature avant de finir sa phrase, du coup…vous proposez des meilleures méthodes, ou on risque tout autant d’y passer en entrant là-dedans? Et c’est quoi cette histoire de rôles, de formations? Neuf éveillés sur dix c’est des monsieur et madame tout le monde qui n’ont vus jamais vus de soldats en dehors de leur écrans, s’pas inclus dans l’éveil le jargon militaire. Et à notre rang, on peut pas vraiment dire que le talent va compenser.”

Les questions de Laura furent accueillis par le silence.
Rien, personne ne répondit ni leva la voix, un mot, un murmure. Le bruit de l’herbe caresser par le vent et les feuilles d’arbres étaient plus expressifs que le groupe de néophyte qu’elle avait devant elle.

L’ex militaire ne s’attendait pas à grand-chose. Ce genre de moments n’étaient pas rares. Néanmoins, les points qu’elle attribuait déjà au groupe avant même de commencer le donjon étaient en dessous de la moyenne.
Ce genre de savoir était le basique du basique, que même les personnes qui se sont un tant soit peu renseigner les auraient obtenus.
Pensaient-ils sérieusement qu’ils pouvaient être capable de survivre là-dedans sans ça ?

Ce fût la retardataire qui brisa le mutisme général, se permettant non pas de répondre, n’y même de tenter, mais simplement en répliquant de manière à chercher l’altercation sans même le cacher.
White ne riposta pas, ses yeux bleus acérés démontraient juste un détachement, preuve que la jeune fille avait plutôt réussit à lui faire perdre son temps avec son jeu de mots qu’à vraiment agité la bête qui était en elle.
Les agitatrices, les provocatrices,… Elle en a rencontrée des dizaines tout au long de sa vie : la plupart sont morts ou tout simplement que l’on avaient plus de nouvelles d’elles.

Fouillant dans l’une de ses poches de son blaser rouge, la trentenaire sortit un cigare qu’elle mit directement dans sa bouche avant de l’allumée avec son briquet.
L’odeur du tabac lui emplissait les narines, descendit jusqu’au niveau des poumons, avant de repartir vers l’extérieur. La fumée s’envola au loin avant de se dissiper sans résistance.

- Je vois ; elle prit le cigare entre ses doigts avant de reprendre ; En effet, vu le talent dont vous faites tous preuve, la seule chose que vous pourriez espérez maintenant est que votre cadavre ne finisse pas dans une fosse commune au milieu de nulle part pendant quelques mois. Le prix pour une place au cimetière est chère après tout.

Pas besoin de l’expliquer pourquoi.
Ils étaient des éveillés, il étaient chanceux, ils étaient « élus » ?
Et alors ?
Ils constituaient le bas de l’échelle social.
Leurs voix ne valent pas plus qu’un citoyen normal.
Ce qu’ils gagnent est à peine suffisant, les forçant à avoir un travail à côté.
Et si ils meurent, on trouvera toujours un remplaçant pour eux.

- Si vous mourrez, personne ne se souciera de vous. Vous serez remplacez par quelqu’un d’autre qui lui aussi voudra sûrement faire ses preuves, jusqu’à ce qu’un autre prenne sa place et ainsi de suite.

Elle reprit une seconde bouffée de tabac, levant les yeux vers le ciel, lâchant un rire cynique.
Elle sortit son arme de fonction avant d’appuyer sur le bouton du chargeur et de sortir une balle de l’intérieur.

- Vous valez autant de valeur qu’une balle de Glock et vous êtes aussi nombreux que des mouches attirés par les ordures d’une déchetterie.

Ils étaient des millions comme eux, produits à la chaîne et envoyer au casse-pipe. Et s’il y en avait besoin d’autres, il fallait juste tendre les bras pour en récolter de nouveau, comme les nuisibles attirés par la lumière.

- Au final, à quoi bon faire ce que vous faites ? Si c’est pour servir en pâture aux monstres, autant attendre que le gouvernement vous déporte là où on aura besoin de vous en tant que bouclier de chair. Là au moins, le monde vous reconnaîtra comme héros de l’humanité et vous ne serez plus traités comme inutiles qui ne sont bon que pour nettoyer derrière les rang D… Enfin, pendant deux ou trois semaines.

Elle replaça la balle dans le conteneur, avant de remettre celui-ci dans l’arme à feu avec une vitesse et une dextérité digne d’une vétéran, prouvant que le sang sur ses mains et la guerre étaient enfouis en son corps.
L’arme revint dans le holster dont il a été sortit, la femme étudia le petit groupe avec la même indifférence qu’au tout début.
Le visage de certains se distordaient de furie, d’autres de honte et d’acceptation.

La vérité n’est pas forcément une chose que l’on aime entendre.
Et Laura s’en souciait autant que si une mouche lâchait un pet dans le vent.

- Pourtant, si vous êtes ici, c’est pour éviter ce genre de choses n’est-ce pas ? Peut être que la moitié d’entre vous ne prenne pas au sérieux ce que je dis, mais soyez en sûr : ceux qui se cache dedans veulent votre vie.

Elle disait la vérité, à eux de choisir s’ils en tiennent compte ou non.

- Chacune de ses bêtes sont assez forte et armées pour séparer la tête de votre corps après avoir vidé votre cage thoracique.

Sa vision ne quitta pas le groupe durant un seul moment.

- Chacune d’entre elles voudront s’amuser avec votre cadavre. Et quand ça sera fini, ils se tourneront les pouces jusqu’à ce qu’un autre groupe comme le votre se ramène et se fasse décimer.

Elle éteignit le cigare dans sa main en séparant la partie allumée du reste, avant de le ranger dans son paquet.

- Puis quand ce groupe là sera décimé, puis que le temps sera écoulé, ils sortiront de leur trous et viendront pour nous. Et quand ce moment arrivera, vos proches seront sûrement dans les listes des victimes.

Elle s’approcha de la nouvelle arrivante et termina son long monologue.

- Si vous voulez mourir, ce n’est pas mon problème. Votre mort en sera juste que plus ridicule, car la simple et unique raison est que vous n’avez jamais faire l’effort de valoir mieux que la merde que l’on voit sur le côté de la route, malgré le fait que je suis là pour vous donnez un semblant d'espoir afin que vous puissiez revenir voir vos familles et amis ; elle laissa une seconde de répits et en fini avec deux mots ; d’autres questions ?

“...Tch’.” sera ma seule réaction immédiate à ce déchaînement de vérités crues balancées à la sulfateuse. J’suis pas vexée, parce que j’espérais une vraie réaction et j’ai été servie. Pis ce serait quand même sacrément hypocrite de ma part d’accuser l’absence de tact.

Y’a pas à dire, la madame a du répondant, et une vision réaliste des choses. On a pas à faire à une idéaliste qui essaye de nous faire gober que les donjons, c’est des mondes merveilleux dans lesquels on vit des aventures fantastiques. Non parce que quand on voit les campagnes de recrutement de certaines guildes…

J’note que l’image de la balle de Glock est bien trouvée. ‘Fin, je rétorquerai bien qu’au moins une balle ça tue des trucs mais… dans mon cas ce serait vraiment l’hôpital qui se fout de la charité.
…’Tain, le trait d’humour était même pas volontaire.

“Eh beh, vous avez le chic pour mettre l’ambiance. Mais j’préfère ce discours là à une révision sans saveur de théories abstraites dignes d’un prof de maths qui prépare ses élèves au bac.”

A force de ne plus sentir les choses simples comme la coupure d’un couteau ou la brûlure d’une plaque de cuisson allumée, j’ai dû perdre la sensibilité contre les balles abstraites aussi. Ou alors à force de me foutre de ma propre tronche, mon égo est assez bas pour passer sous les tirs? Va savoir.

Néanmoins, je tique un peu sur le sous-entendu de sa dernière réplique. Est-ce que je veux mourir? Nan…c’est plus compliqué que ça. Mais entendre cette idée être évoquée me laisse un drôle d’effet. Au moins autant que quand elle a parlé du fait que si les monstres débordaient et tueraient nos proches, j’me suis surprise à remarquer que ça m’a affectée. Il est facile d’oublier qu’à la base, c’est le devoir des chasseurs de protéger les humains de ce qu’il y a de l’autre côté et que ça, ça me parle. Alors que pourtant… les gens dont j’ai quoi que ce soit à faire se comptent facile sur les doigts d’une main. Et c’est pas juste une manière de parler, ni un tri fait parmis mes connaissances. C’est ce qu’on appelle la solitude, non?
Bordel, pourquoi je devrais en avoir quoi que ce soit à foutre du reste?

“Bah alors allons-y, montrez-nous ce fameux espoir s’il existe. Un bête donjon rang E devrait pas être si effrayant, si on est bien cadrés, nan? Qu’est ce qu’on attend pour y entrer et voir les trucs théoriques sur le chemin? On a tous fait notre visite chez les chasseurs, on a tous une vague idée de de ce qu’on sait faire, notre “classe” comme ils aiment bien l’appeler. Alors quoi?”

Spoiler:

Au vu de la réponse que la jeune fille lui transmit, Laura déduit que cette dernière avait bien comprit le message qu’elle souhaitait transmettre.
Elle était ni leur ami, ni leur ennemi, juste là pour les instruire.
Néanmoins, elle nota le caractère de la chasseuse qui, au final, était la seule à lever la voix.
Était-ce par plaisir malsain de se moquer des autres ? Ou que l’individu en lui-même était une battante avec pleine de ressources ?
Laura ne le savait pas. Elle avait beau avoir une perception si accru qu’une seconde paraissait autant qu’une dizaine, elle n’est pas apte à connaître tout de quelqu’un en un coup d’œil.

Le vrai visage des gens se dévoilent face à l’adversité et à la mort.

Elle enregistra la jeune fille aux cheveux bruns courts et de petite taille -habillée d’une façon originale et ses yeux rouges- la plaçant en tant que dernier membre de l’expédition qu’elle devra évaluée.
Prenant avec elle le dossier d’inscription, elle le feuilleta de nouveau en faisant l’appel.

- Carlos Désenchez ?

- Oui

- Eloïse Harbor ?

- O-oui !

Les uns après les autres, ils montraient qu’ils étaient présent au moment prévu. Certains d’entre eux se sentaient sûrement encore frustrés par les vérités cinglante de l’inspectrice, mais il était plus sage pour eux de garder leur énergie pour ce qui les attendaient en traversant le portail.
Car ils en auront bien besoin.

- Naomi Sharon.

La jeune fille étant la seule n’ayant pas été appeler, elle confirma sa présence avant que la jeune femme balafrée ne termine l’inspection.
Rangeant les papiers dans une de ses poches, elle se tourna pour la première fois vers la faille dimensionnelle.

-…

Elle se laissa un instant pour observer ce phénomène qui continu de venir encore et encore depuis plus d’une dizaine d’années.
Même en cette instant, elle était à la fois intriguée et méfiante à leurs sujets. Bon, ses années à combattre ce genre de monstre et à rentrée dans des donjons pour les exterminés ne sont pas pour rien dans ce genre d’arrière pensée, néanmoins, elle ne pouvait pas faire abstraction de ce sentiment d’entrée dans un lieu que les humains de cette terre ne devaient pas y pénétrés.

- Ce sont ceux qui nous envahissent de toute façon.

Elle leva la voix

- En formation. Tanks en première ligne, Assassins et Rôdeurs en seconde, Mages et Soigneurs en troisième. Garder la tête froide et soyez observateurs de votre environnement.

Elle avança.
Son manteau de militaire s’agita par une brise de vent, son badge d’inspectrice et sa plaque d’identification restaient à leurs place et ses jambes l’amenèrent vers l’antre des monstres.




L’herbe et les arbres l’acceullient à bras ouvert quand son corps entra en phase avec le nouveau monde. L’air était frais et respirable, la faune et la flore semblaient les mêmes que ceux de la Terre aux premiers abords. Le chant des oiseaux, le son de l’eau qui s’écoulait le long d’un ruisseau, le chant des criquets, le ciel bleu légèrement nuageux et le soleil jaune,…

Pour le moment, rien ne sortaient de l’extraordinaire.

Laura scanna la zone avec ses sens affûtés.
Le toucher, l’ouïe, le goût, l’odorat, la vue. Ses 5 sens s’activèrent afin de délimiter le danger autour de la zone d’arrivée.
Ses battements de cœurs étaient régulier.
Ses oreilles ne captaient aucunes activités.
L’odeur de bête ou de sueur n’emplissait pas le vent.
Son palais ne détecta pas le goût de métal, si particulier que possédait le sang.
Ses yeux ne virent rien qui détecta comme une gêne dans cette vue panoramique qu’offrait le lieu, pas de trace de pas, pas de mouvement dans les ombres.

Sa conscience inspecta ses alentours. En quelques instants, sur environ 10 mètres, aucune anomalie ne subsistaient.

- Rien.

C’était la conclusion qu’elle tira.
Son corps était entraîné et préparé pour la guerre. Son expérience dans l’art du champs de bataille et de la reconnaissance étaient utilisés à leur plein potentiel.
Il est tout à fait possible que des ennemis puissent déjouer ses capacités perceptives, mais pour le moment, il n’y avait rien.

- * Inspire * * Expire *

Elle détendit ses muscles.
Ses sens restaient toujours en alerte, restant à l’affût au moindre danger.
Laura était prête à bondir au moindre accro, mais elle devait garder son énergie le plus possible.
Il était inutile de s’embrouiller l’esprit avec des idées noirs, cela était contre-productif.
La trentenaire attendit que le groupe rentra à son tour avant de commencer les explications.

- Rôdeurs, Magiciens et Soigneurs, vous êtes ceux ayant le plus de perception dans le groupe. Analyser le terrain avec vos sens.

Pas de temps à perdre, ils sont en territoire ennemis. Chaque information est capitale pour la survit du groupe. C’est une habitude qu’ils se doivent de gagner le plus tôt possible.

- N’utiliser pas seulement vos yeux. Écouter le son que procure l’environnement. Humer l’odeur dans l’air, goûter la, faite en sorte que vous activez vos sens tout en prenant garde autour de vous.

Son dos était tournée au groupe. D’un geste furtif, elle prit un de ses cigares dans les mains, le réduit en miette dans la paume de sa main, avant de laisser le vent l’emporter.
Ce n’est clairement pas une chose à faire dans un donjon, pour des raisons évidentes, mais c’était nécessaire.

La leçon avait déjà commencer.

…On sait jamais vraiment à quoi s’attendre avec un donjon, hein? Celui-là paraît aux premiers abords bien moins mystique que ce que j’aurais cru, mais quelque part, ça le rend encore plus imprévisible. Qu’est-ce qui pourrait bien sortir de derrière ces arbres? Pourquoi pas des t-rex armés de mitrailleuses dorsales, tiens?

N’ayant pas les sens assez affutés pour participer au travail d’analyse, j’en profite pour regarder le ciel et humer l’air frais, profitant de cet instant pour constater à quel point le lieu semble paisible. On pourrait limite faire un pique-nique ! Bon, j’ai ni sandwich ni chips, et personne n’a pensé à la glacière mais…

“M-madame, je crois que quelque chose approche !...” annonce une de nos mages.

Humpf. Et y’a ça aussi. Mon attention se reporte sur les perceptifs qui commencent à s’affoler, à parler d’un groupe de créatures qui s’approchent, mais semblent incapables de se mettre d’accord quant à un nombre précis ou une position exacte. Merde, c’est quoi ça, on est tombé sur le donjon des gnomes ninjas,  maîtres de la téléportation et du multiclonage?  
Un bruit sifflant attire mon attention vers l’avant du groupe, juste à temps pour voir un long projectile foncer droit sur nous, puis être intercepté au dernier moment par la targe d’un confrère tank qui a heureusement fait attention aussi.


“On se fait attaquer !” crie-t-il.

Ouais, mais par quoi? J’prend le temps pour l’aider à extraire l’arme de jet de son bouclier et la prend dans mes mains: c’est une javeline. Rudimentaire, faite avec une branche taillée en pointe, certe artisanale mais bien suffisante pour transpercer le bide d’un inattentif.
…Pis là, je sais pas, il me vient une espèce d’intuition. Je me retourne pile au moment ou plusieurs autres sifflements surviennent, de toutes les directions cette fois, et avec mon arme improvisée dévie in extremis une autre javeline qui visant la tête d’un de nos soigneurs.

C’est qu’après coup que je comprend: le premier tir était juste pour attirer notre attention vers l’avant. La vraie attaque, elle commence par la salve qu’on est en train de subir.

“Putain, ils nous encerclent !”

En même temps… c’est chez eux. Ils connaissent le terrain, et y’a pas de raisons qu’ils ignorent d’où les intrus peuvent rentrer. Bordel, je pourrais utiliser cette rune, là, pour rediriger les blessures… mais si je m’en sers et que le groupe arrive pas à se défendre, c’est fini pour moi. Une vingtaine de projectiles, s’ils sont dispersés entre tout le monde y’aura surement quelques blessés, mais si à moi seule j’absorbe ne serait-ce que cinq ou six impacts d’un coup ce sera la fin du cours.
Au mieux.

Mais bon, si c’est pas les javelines, ce sera peut-être les trucs qui sont en train de sortir des arbres et de courir vers nous en poussant des cris stridents ! Mais j’les reconnais en plus ! Des petits hommes verts, habillés et équipés comme des sauvages, souvent à la fois très cons et très fourbes ! On les voit dans genre…tous les rpg.

“...Sérieusement, des gobelins?!”

N’ayant pas mieux que ma javeline, je me met en garde, prête à la planter dans tout ce qui s’approche et fait moins d’1m30.

Une minute passa.
Le soleil brillait au loin, donnant une vue sur les environs sans difficultés.
Le groupe de 10 se positionna tant bien que mal par rapport aux instructions que Laura a précédemment donnée.
Le stress et la pression d’être dans un lieu inconnu monta plus vite dans la tête de certains que d’autres.

Ceux en charge de l’observation échangèrent entre eux, des oui et des non fusèrent entre eux. Ils montraient tous un niveau de savoir-faire aussi élevé que des gens normaux largués dans une zone inconnu, ayant vécu toute leur vie sans à connaître ne serait-ce comment trouver de l’eau potable ou se diriger.
La trentenaire ferma les yeux, préférant qu’ils se débrouillent par eux-même, même lorsqu’ils lui posèrent des questions, elle ne répondit pas.
Comme elle l’avait dit au tout début : elle donna les instructions et méthode sur la marche à suivre, le reste sera par la compréhension et l’expérience pur.

Si cela est paru comme une méthode cruel pour certains, c’est qu’ils n’ont jamais compris l’importance du fait que l’Homme doit s’adapté et évoluer le plus vite possible.


- Les voila.

Ses sens rang A détectèrent au loin les créatures venant combattre les étrangers venu sur leurs terres. Le tabac qu’elle avait laisser envoyé dans l’air avait fait son travail.
Le bruit du craquement des brindilles, le son du feuillage secouer, ce sentiment d’être scruté par une horde de bête voulant se repètre d’une carcasse.

- Créatures de type sensoriel ? Bipèdes ? Quadrupèdes ?

Les débutants étaient encore ignorant de la petite troupe qui venait vers eux.
Une de ses mains se rangea dans sa poche, caressant l’arme qui se cachait à l’intérieur.
La miss s’était équipée avant de partir, sous sa tenue décontractée se cachait des couteaux, une arme a feu et des armes de corps à corps.

- 10. Humanoïdes. Ils sont sur les branches des arbres.

La lueur d’indifférence dans son regard se changea en intention de meurtre.
Ils étaient venus pour prendre leurs vies, et le petit groupe est là pour la même raison.
Un combat à mort.
Pour elle, c’était loin d’être le premier. Mais pour eux, c’était une toute nouvelle expérience…

“M-madame, je crois que quelque chose approche !...” 

Une des mages s’aperçut la horde qui était maintenant à porter de lancer.
Laura rajouta un point à elle sur l’évaluation.

- En position ! Tank, préparez-vous à l’assaut ! Le reste, mettez vous en défense. Penser toujours à ce que l’ennemi peut vous attaquez à distance avant de penser à l’attaque.

Une javeline vendit l’air et se logea sur le bouclier d’un des tanks.
Il amortit le coup sans trop de problème, mais le choc de se sentir viser se lisait sur son visage.
Naomi récupéra l’arme de jet dans ses mains. Une action valable, mais aussi suicidaire dans cette situation.

- D’autres en approche !

Puis plusieurs projectiles arrivèrent.
Le bruit des projectiles résonnèrent différemment.
Le bruit du bois qui s’entrechoqua avec du bois, qui fendit le vent avant de finir sur la terre.
Laura les évita en esquivant sur les côtés, tandis que d’autres peinaient avec plus ou moins de difficultés. Égratignures pour la plupart, seul deux personnes n’ont rien eux, une personne est touché au bras.
Le sang éclaboussa ici et là, peignant la couleur de leur peau et l’herbe sur leurs pieds.

Le plus blesser de tous poussa un cri de douleur faisant frémir le sang neuf, avant de poser un genoux à terre.
Les bêtes marchaient vers eux, couteaux, boucliers et épées à la main.

- Gobelins.

Des créatures vertes de petite taille, humanoïde.
Dans les connaissances collectées sur ces bêtes, on les considéraient comme principalement des nuisibles, faible en terme de force, mais suffisamment intelligent et nombreux pour utiliser des armes et poser des pièges, usant de la ruse et leur environnement pour combattre à leurs avantages.

En somme : des êtres capables de venir à bout d’un groupe de néophyte si ceux là ne font pas attention.

Laura se permit une seconde de réflexion pour réfléchir sur son mode opératoire.
Agir ou non ?
Si ça avait été des loups ou d’autres bêtes quadrupèdes, elle les auraient laisser se battre.
Cependant, ce qu’ils avaient comme premiers ennemis étaient des bestioles possédant un caractère vicieux et assez intelligent pour confectionné des stratégies.

- Non. Il est trop tôt pour le dire. S’ils se laissent envahir par la panique dés le commencement du donjon, alors ils ne sont pas fait pour chasser.

L’experte ne fit rien, se gardant d’agir si le moment devenait vraiment instable.

Ils avancèrent, le regard plein de vice, imaginant le goût des tendons, muscles et sang de chaque membre de l’expédition, la bave sortant de leurs bouches.
Petit à petit, leur marche devenaient une foulée, puis ensuite, une course.

- H-ha…….

- N-non… !

- Rester concentré !

Laura sentit l’esprit des nouveaux faiblirent.
Garder les pieds sur terre était primordial.
La mort les attendait au tournant, prête à prendre leurs âmes au moindre faux pas.

C’est ce que signifie vivre dans le monde des chasseurs : vivre dans un autre monde où chaque instant peut t’ôter la vie.

- Gaaaaaaaah !

Des gobelins sautèrent pour s’occuper de l’avant du groupe : les tanks.
un sur Naomi, deux autres sur son camarade, six faisaient le tour pour s’occuper du groupe.
Le dernier duo chargea sur Laura, pensant qu’elle était une proie tout aussi facile.

Son regard bleu acéré se posa sur les bêtes vertes.
Des monstres assoiffé de désir, de sang, même de désir…

- Ah oui, en effet. Le rapport stipulait ceci.

Le niveau de reproduction d’un gobelin était immense, et ses pulsions sexuels aussi.
En d’autres termes…

- Kidnapping et viol.

En deux mots, l’inspectrice décrit l’un des plus grands ennemis que les femmes ne voulait en aucun cas avoir à faire.
Ils se rapprochaient, prêt à bondir.
La chasseuse jeta un coup d’oeil au groupe qui se démenait tant bien que mal.

- Tenez fermement votre arme dans vos mains, concentré vous et utiliser votre imagination pour ne pas faiblir. Faite en sorte que ce que vous voyez devant vous est votre pire ennemi, prêt à vous couper en deux avec une lame. Tuer-le, avec colère ou avec la volonté de vivre.

Le groupe écoutèrent comme hypnotisé par les dires de l’inspectrice.

- A-AAAAAH !!!

- J’VAIS TE TUER !

- CONNARD DE MERDE !!!!

Le duo sauta en même temps, les armes brandit en l’air.
Laura retourna son attention sur eux, la volonté de finir leur vie brûla dans son regard.
Elle se déplaça vers l’avant, ses pas étaient aussi rapide que les monstruosités ne s’attendaient pas à ce dénouement.
La membre de la guilde des chasseurs serra son poing, blanchissant son la pression de sa poigne.

Fu !

Son poing partit.
Fendant le vent, brisant momentanément la barrière du son d’un soudain bang.
La tête de l’humanoïde verte éclata en morceaux. Dents, yeux, bouts du crâne, reste du cerveau,… s’éparpillèrent en un instant.
Elle reprit une position de combat le moment d’après.

Fu !

Un autre horrible son se succéda au précédent. Un autre cadavre tomba la seconde d’après.
Le sang violet était répartit sur le visage, le torse et les bras de Laura.
Les goûtes perlaient au niveau de son poing, preuve que le massacre avait bien eu lieu.

- Garde tes yeux vers l’ennemi !

Sans même se retournée, elle sentit la déconcentration des membres du groupe.
Sa victoire ne valait pas la peine d’être idolâtrée, ni même d’être mentionnée. Elle avait fait tout simplement ce qu’elle avait à faire.

Le groupe se bâtit tant bien que mal, l’un des guerriers planta sa lame profondément dans le torse d’une des créatures. Un autre brûla sous l’effet du feu d’un des magiciens.
Le camarade de Naomi tenait tant bien que mal sous l’effet des coups, tandis que elle…

- Ça devrait aller.

Leur premier combat sera fini dans la minute qui suit, et Laura commençait déjà à réévaluer les actions de chacun.

“Euh… ça va?
-Ouais. Et toi?
-Hein? Bah moi oui, mais je veux dire…tu as…
-J’ai un couteau planté dans la paume de ma main, je sais.”

Bordel.
C’était passé vite. Au moment de leur charge, j’avais réussis à planter le premier qui avait essayé de me sauter dessus, l’empalant avec la javeline en travers de la gorge. Un coup chanceux, clairement, j’ai juste frappé là où je pouvais et au final c’est sa propre inertie qui l’a condamné sur la pointe de l’arme qu’il m’avait jetée. Tellement bien que j’arrivais plus à la faire ressortir, preuve que ça a plus de force qu’il n’y paraît ces machins verts.

Me retrouver désarmée devant ces créatures aurait pu être une bonne cause de panique, mais franchement… j’ai pas vraiment eu le temps d’y penser, parce que mon voisin de formation en avait deux face à lui, et que je me sentais pas de le laisser dans sa galère.
Du coup je l’ai rejoint pour le protéger comme je pouvais, en interceptant à la force de mes bras les assauts du deuxième bonhomme vert qui cherchait à frapper dans son angle mort le chasseur déjà bien assez occupé avec un seul adversaire. Bon, à part mettre des coups de poing et de pied pour le repousser j’ai pas pu faire grand chose, mais ça l’a au moins occupé le temps que mon collègue se charge du sien, et puisse ainsi se consacrer à l’élimination du second.

Et c’est là que j’ai tiqué que, non contents d’être surprenamment fort, ils étaient tout aussi étrangement endurants. Alors dans le doute j’ai jeté un oeil au mien, celui qui s’était empalé tout seul et…et il était debout, avec son javelot dans la gorge ! Il avait un couteau artisanal dans la main, l’a lancé sur le dos de mon confrère tank et…j’ai tendu la main pour l’attraper, quoi.
Juste avant que le gobelin ne se prenne un projectile de feu dans la tronche et s’écroule, cette fois pour de bon.

“Mais…t’as pas mal? Il ressort de l’autre côté quand même.
-Ça chatouille tout au plus. Mais bon, c’est normal.
-...Faudrait peut-être demander à un soigneur, non?
-Ah? Euh, ouais, t’as p’tet raison.”

C’est à ce moment là que l’on se rend compte que le calme est retombé, et que notre formatrice pose son regard évaluateur sur les membres du groupe. Quand il est dirigé vers nous, je lui fait coucou avec ma main empalée. Pas que j’en sois très fière, mais bon, j’ai pas volontairement cramé mon sens de la douleur hein.

“J’avais pas de bouclier donc j’ai fait avec les moyens du bords.” ajouterai-je, comme seul commentaire.

Le dernier de la bande tomba sous les coups des nouveaux venus alors qu’il tentait de fuir.
Puis, plus rien. Les effets de l’adrénaline se dissipèrent, la sueur perlaient sur leurs visages dont la fatigue était visible sans le moindre effort. Le souffle court, certains s’effondrent sur le sol, ne pouvant museler une once de force.

- Passable.

La note du combat.
Certains ont fait de mauvaises, actions, la formation a presque été brisé plus d’une fois, il y eu même une boule de feu qui a manquée de toucher un des nouveaux membres du groupe.
Mais dans l’ensemble, le résultat était satisfaisant.

Naomi fit signe à Laura avec une main plantée par un couteau tout en faisant un petit commentaire, ce qui eu l’effet de lever un sourcil à la formatrice.
Grande résistance à la douleur ou la perte du sensoriel de celle-ci ?
La militaire n’en savait rien, néanmoins, le fait que l’un des deux cas soit possible était tout autant un avantage qu’un inconvénient.
Ce genre de « don » doit être utiliser à bonne escient.

Le sang sur ses mains et son visage commença à sécher et l’odeur des cadavres commencèrent à empester le lieu.

- Soigneurs, occuper-vous des blessés. Les plus sévères en premier. Ceux n’ayant que des égratignures peuvent vivre avec le temps que le donjon soit fini. Soigner ce genre de blessure n’est qu’un gaspillage de temps et d’énergie.

Elle scruta les combattants à distance, remarqua ceux qui allaient subir une nouvelle leçon avant de reprendre.

- Toi, toi et toi, vous lancez ou tirer vos projectiles trop vite. Le plus important n’est pas d’être rapide, mais de toucher la cible. Si vous vous précipitez, vous risquez de toucher vos camarades et si ils tombent, vous serez les suivants. Le mage, utiliser une boule de feu en pleine forêt équivaudrait à crée un incendie sur toute la zone. Les gobelins n’aimeront pas ça, mais nous non plus, changer de rune.

Ils regardèrent leurs pieds, honteux de leurs actions.

- Me-les excuses.

- J’essayerais de faire attention.

- Faite-le ou ne le faite pas, il n’y a pas d’essais. Il vaut mieux avoir un seul tire qui fait mouche que 3 tirs qui vont à côté, ou pire.

Elle remarqua l’un des guerriers avait une lame ébréchée dans ses mains et qui tenta de rafistolé le tout.

- Jette-moi ça sur le côté et sert toi sur eux ; elle pointa les cadavres des gobelins du doigt ; en gardée une à moitié usée ne te servira pas.

- Mais elle vient de mon p-.

- Qu’elle vient de ton père ou de ton chien, je n’en ai rien à faire. Si tu voulais la préservée, il ne fallait pas venir avec. Si elle se brise lors d’un choc, tu laisse une partie de ton flan ouvert pour que l’ennemi réplique.

Elle clôt le débat en tournant la tête vers quelqu’un d’autre.

- Pendant que tu souffle, nettoie ton arme avec de l'huile et aiguise la. Le sang rouille la lame et la rend plus fragile.

- Je n’ai rien qui-

- Il fallait prendre le nécessaire avant de venir en donjon. Demande à un magicien de généré de l’eau avant de la sécher avec du tissus.

- Toi, ta prise du bouclier est bonne, mais le reste de ta posture est mauvaise. Fléchie les genoux, fait en sorte que ton centre de gravité se répartit sur la totalité de tes pieds quand tu encaisse. Tu dois garder en tête que tu dois tenir, mais aussi te ménager physiquement et mentalement, transfert le choc sur la totalité de ton corps, pas sur une seule zone.

- Comment je fais ç-

- Fais en sorte de ne pas contracté tes muscles au contact. Le choc se répartira non plus sur un endroit, mais sur le reste. Si tu maîtrise ça, tu pourras tenir plus longtemps en faisant moins d’efforts.

- Miss Naomi et le reste, réussir à tuer une bête est une chose, être sûr qu’elle est morte en est une autre. Rester sur vos gardes même quand elle tombe, on ne sait pas si elle peut se relever. Dés que quelqu’un le peut, réassigner un coup si possible, priorité aux non magiciens.

Le ton qu’elle employait était neutre avec une pointe d’autorité.
Elle transmettait son savoir et ses astuces à chacun d’entre eux du mieux qu’elle pouvait.

- Si vous avez des questions, dite-le maintenant. Sinon, nous repartons dans 5 minutes.

“Ouais, je sais, je sais…”

Comment je pouvais m’attendre à ce que ce truc vert se relève après avoir eu une arme enfoncée dans sa gorge? Bah, c’est fait maintenant. Puis ça a été au final, la seule conséquence c’est que j’ai gagné une dague: plus qu’à l’extraire et ça me fera un souvenir. Ainsi qu’une arme.

N’ayant pas vraiment de connaissances médicales, je tire dessus un peu comme je peux, forçant et agitant l’arme pour la déloger de ma main, telle…Excalibur de son rocher. Ce fût pénible, et maintenant je commence à perdre du sang, mais au moins c’est fait.

“Quelqu’un a de quoi faire un bandage?” je demande, et rapidement une soigneuse vient à ma rescousse avec sa trousse de premiers soins. J’en profite pour lui demander:

“Dis, je sais que Laura a demandé à ce qu’on préserve les sorts de soin mais… tu pourrais m’en lancer un au cas où? Je ressens pas la douleur, du coup je sais pas si c’est grave ça, ou si j’ai d’autres blessures.
-J-j’aimerais beaucoup mais…
-Après si t’es short en énergie, je comprend.
-C’est pas ça ! C’est juste que… je n’ai pas de rune de soin.
-...Ah.
-L-le dis pas à Laura hein ! C’est juste que je suis daltonienne, et j-j’ai acheté une rune rouge à la place, sur un marché…
-Ça…ça arrive, je suppose.”

On est tous dans cette formation pour une raison, faut croire. Enfin bon, blessure bandée, je suis prête à repartir avec ma nouvelle arme ! Une dague gobeline, fantastique, ça ressemble à une dague préhistorique qu’on trouverait dans n’importe quel musée mais ça a été fabriqué par un gobelin donc c’est p’tet encore plus primitif que ça.
On verra bien si ça se plante correctement dans leur crâne, après tout.

La petite pause se termine, et nous entamons donc l’exploration de ce donjon extérieur. Cependant, la partie forêt est bien plus courte que prévue: à peine une centaine de mètres plus loin se révèle un village tout de bois, aux maisons primitives qui semblent conçues pour des enfants, et aux nombreux mécanismes faits avec les moyens du bord, à base de poulies et de poids, de rondins aménagés comme des roues, de lianes utilisées comme des cordages.
Le coeur de la cité des Gobelins.

Voyant ça, j’peux pas m’empêcher de pouffer de rire: “Oh putain…vous trouvez pas qu’on dirait un parc d’attractions réservé aux enfants? Y’a la décoration, les attractions, surement une ou deux boutiques… manque plus qu’un portique coloré qui indique un truc genre…’Bienvenue à Gobopolis’ ! avec des led colorées.”

- Rôdeurs et Assassins, chacun observe une partie des alentours. Souvenez-vous de ce que je vous ai appris tout à l’heure.

L’ex militaire donna un énième avis sur le positionnement et la formation avec les apprentis chasseurs. Étant de ceux qui font partit des assassins, son expérience et son point de vue étaient une mine d’or pour ceux ayant le même rôle qu’elle.
Le groupe était repartit de nouveau après la courte pause imposée par l’instructrice.
La marche avait un cadence normal, mais avec le combat à mort qui eu lieu juste avant, les néophytes avaient du mal à suivre le pas.
La plupart avaient encore le visage blanc, mêlé à un rythme de respiration irrégulier. Ils étaient certes des chasseurs, des individus ayant obtenus des capacités surhumaines, ils avaient cependant peu ou aucune endurance physique et leur mental pour supporté l’effort étaient presque inexistant.
Laura jeta un coup d’œil vers Naomi qui discuta avec une des soigneuses du groupe, observant un peu le duo et la main encore ensanglanté de celle-ci tandis que le panorama changeait.
Aucun gobelin n’est venu.

Une grande plaine s’étendait devant eux, plate et verte de végétation. Dessus, à une centaine de mètre se trouvait un un village.
La trentenaire concentra ses yeux afin d’observer le lieu tandis que notre cher tank se permettait de faire une blague.

La quasi totalité du village était inflammable : bois et lianes étaient les principaux matériaux utilisés, la pierre étant peu mit en avant de ce qu’elle comprenait.
Fouillant avec ses sens la zone, elle repéra les créatures à tuer avant de garder le nombre en tête.
Elle fit reculer le groupe après ça.

- À partir de maintenant, vous allez réfléchir à un plan à suivre. En estimant la distance et le temps, il reste 5 à 10 minutes avant qu’ils ne viennent. Cependant avant ceci ; elle se tourna vers la française ; tu va changée de rôle avec un des combattants, tu n’es pas apte au rôle de tank le temps que tu ne puisse pas faire ce que tu dois faire. Finnisa t-elle avant de se trouver la soigneuse. Tandis que vous, parlons une minute. Les autres, commencez.

Elle s’éloigna du groupe avec l’inapte tout en gardant ses sens en actions, suffisamment loin pour que les oreilles indiscrètes n’entend que le son du vent caressant les feuilles des arbres et l’herbe.

Les deux échangèrent des mots, la jeune fille se défendit tant bien que mal, mais Laura était implacable. La première baissa alors les yeux et des larmes coulèrent le long de ses joues.

- Je te laisse réfléchir, mais comprend ceci : ce que tu as fais est inacceptable pour n’importe quel groupe, tu aurais pu les tués à cause de ce genre de chose. Le fait que tu ne puisse même pas te battre et que tu ne peux remplir ton rôle est inacceptable dans ce milieu.

- Mais je-

- Pas de « mais ». Fin de la discussion. Je ferais au moins en sorte que la part de votre butin vous revienne.

Laura la laissa de côté un moment, lui cédant un peu d’intimité pour extériorisé ses peines.
L’échange avait durée 3 minutes.

- Vous avez une idée pour vous occupez d’eux ? Les informations ? Les faiblesses des ennemis ?

- Vou-vous avez parler de quoi avec-

- Ce ne sont pas vos affaires.

L’inspectrice trancha net les questions que se posèrent le groupe. L’important sur le moment était comment ils allaient procédés pour anéantir les hommes verts.
De plus, il était vrai qu’ils n’ont pas à s’en mêler.

- Soigneuse, refermer la main de Naomi. Faite-en le strict minimum.

Cette histoire de daltonisme l’avait mit en garde contre de possibles nouveaux problèmes.
Si elle laissait passer ça, le groupe dont elle en aurait fait partie aurait pu subir pire que de simples blessures, ou même elle.

- Une dernière chose : j’espère qu’aucun d’entre vous n’a de problème physique. Garder ça pour vous si vous le souhaitez, néanmoins, garder à l’esprit que vous mettrez en péril vos futurs collègues de chasse. Un donjon ne se fait pas seul, mais à plusieurs. Si on ne peut compter sur vous lorsque l’on a besoin, vous n’engendrez que des problèmes.

Sa voix resta la même qu'au début de donjon, calme, mais autoritaire. S'ils souhaitaient garder leurs problèmes pour eux, elle fermera les yeux. Mais si c'est pour mettre en danger les autres personnes de l'expédition, c'était un non catégorique. Elle en avait que faire de ce groupe, elle ne les reverra pas surement plus après cette histoire, néanmoins, par responsabilité et par respect du travail bien fait, elle mit la main dans le plat.

…”Pas apte au rôle de tank”?... Oui, en fait c’est certainement vrai, mais j’ai bien envie de répliquer qu’à ce compte là on peut pas dire que je sois vraiment une combattante non plus.

“C’vous la cheffe hein. J’garantis pas d’être moins inutile pour autant.”

Quoi qu’il en soit, ma compagnon daltonienne a l’air de passer un sale quart d’heure, même si je n’entends pas ce qu’elles disent. Je veux dire, faut pas me prendre pour une conne, la formatrice veut voir spécifiquement cette personne juste après les aveux qu’elle a fait? J’ai quand même une vague idée du sujet de l’échange…et j’me sens un peu coupable pour le coup. Ça lui serait pas tombé dessus si j’avais pas demandé un soin au cas où.
Tch’.

Je regarde ma main bandée, puis l’autre guérisseuse qui s’approche suite à l’ordre de Laura. Quand elle se prépare à me soigner avec son énergie curative, je me relève et la repousse:

“Hey !
-C’est bon, ma main va bien, gaspille pas tes ressources.
-Oui bah me pousse pas, j’fais qu’obéir moi !
-...Ouais, désolée.”

Quoi qu’il en soit, je vais directement me planter devant la chasseuse expérimentée, pour lui montrer le bandage: “J’ai pas besoin d’être soignée, l’autre a fait du bon boulot. Ce serait con de dépenser de l’énergie pour ça. Et au fait, je sais pas c’que vous lui avez dit, mais j’me suis blessée par mes propres conneries. C’est moi qui lui ai demandé de regarder ça, parce que… je ressens pas la douleur. Un éclair m’est tombé dessus quand j’étais petite, ça a cramé une partie de mon cerveau et surtout mes nocicepteurs.
J’l’ai pas signalé, c’est de ma faute et ça a mis le groupe en danger. Donc si y’a sanction je devrais être la seule à les subir.”

Le groupe regarda Laura et répondirent non d’un signe de tête ou avec une réponse à voix haute.
Espérant qu’elle ne tombe pas encore sur un autre cas à part de chasseur, elle laissa cette histoire de côté. Ce n’était ni le lieu, ni le moment pour avoir des secrets. L’ennemi est à une bonne centaine de mètre, ses sens ne détectaient toujours rien, mais ce n’était qu’une question de temps avant qu’un autre groupe de petits hommes verts se dirigent par ici.
Leurs camarades ne sont pas revenus après tout.

Pourtant, alors que l’autre guérisseuse allait s’occuper de la française, celle-ci refusa que l’on prend soin de sa main avec un mouvement, puis retourna vers l’instructrice, prête à défendre son point de vue.
La trentenaire l’écouta. Elle n’était pas contre le fait que la blessée se tienne droite et assume ses erreurs, au contraire, elle augmenta la note de celle-ci de quelques points dans son évaluation, mais elle ne voyait pas la raison des reproches que la vétéran avait faite à l'inapte.

- Je vois. Je pense que je vais devoir mieux m’expliquer. J’oublie parfois que les autres n’ont pas la même façon de penser que moi ; La chasseuse se tourna, fit signe à la daltonienne de venir, attendit un peu et reprit ; Ce n’est pas le fait qu’elle ne vous a pas soignée le problème. C’est le fait qu’elle ne peut pas. Si vous entrez dans un donjon, chaque rôle à son importance, ses forces et ses faiblesses.

Son but n’était pas de la tournée en ridicule, mais pour qu’elle apprenne. Hélas, le savoir-faire se forme via le passage de situations gênantes ou douloureuses.

- Un moment de faiblesse, une embuscade, un piège empoisonnée… Chaque portail garde son propre lot de créatures et son propre environnement. Aujourd’hui est une plaine verte avec un simple amas d’arbres en guise de forêt. Mais la prochaine fois ? Un marécage avec une végétation empoisonnée ? Des ruines avec des salles piégés ? Des nuages parfois solides, parfois creux ? Nous ne savons pas à quoi nous attendre avant de franchir la faille. Chacun d’entre eux repousse de plus en plus le sens commun que nous avons.

Elle regarda le ciel un instant, voulant en apprécier la vue tout en gardant l’heure en tête puis la rabaissa : le cours du temps était différent dans un donjon qu’à l’extérieur.

- C’est pour ça que les formations et les classes ont étés mis en place : chaque personne a son talent, ses compétences, et doit faire en sorte de compenser les lacunes des autres, tandis que les autres compense les siennes.

Laura planta son regard sur celui de Naomi, les yeux rubis de l’une observèrent les yeux bleus de l’autre.

- Ce qui en est de même pour vous Miss Naomi.

Sa manière de faire, son manque du sens du danger, le peu de talent qu’elle possède… Tout cela s’accumulait, devenant un fardeau pour la française. L’instructrice était du genre à applaudir les efforts d’autrui pour se surpasser, pour combler ses faiblesses, pour devenir meilleur de jour en jour, mais si cela continuait ainsi, la jeune fille n’aurait pas d’avenir.
La balafrée sait que chaque individu a son potentiel, que chacun peut évoluer, mais pour cela, il fallait en premier lieu que la marche à suivre soit la bonne.
Laura profita de ce moment pour lui pointé du doigt sa vision des choses.

- Être capable de ne pas sentir la douleur n’est pas un avantage. Dite moi Miss Naomi, savez-vous combien de litre de sang le corps humain contient ? Ne sentez-vous pas que votre corps est plus difficile à mouvoir ? Ou que votre vue se trouble ? Comprenez vos que vos muscles et vos os ont besoin d’entretiens ? Vous avez le potentiel de garder votre position en tant qu’avant garde, mais ce n’est pas grâce à votre maladie. Bien sûr, on peut dire qu’il y a quelques avantages là-dedans. Mais vous manquez de sens du danger. Vos instincts sont plus bas que la moyenne, à ce niveau, vous ne seriez capable que de servir de punching ball pendant un instant puis de perdre la vie sans même comprendre qu’une hémorragie interne s’est formée sous l’usure, vous tuant de l’intérieur.

Elle pointa du doigt les bleus et le sang encore coulant de la main de l’handicapée et reprit.

- Si vous voulez restez à cette position, je vous conseil de revoir votre façon de vous battre, le corps humain ressent la douleur pour une raison primordial après tout : de ne pas le détruire par nos actions.

Elle prit un briquet de sa poche, avant de prendre lui prendre sa main, d’enlever les bandeaux et de commencer à cautériser la plaie. L’odeur de chair brûlée s’en dégagea, le groupe grimaça en voyant le spectacle, plusieurs eut un haut les cœurs en humant ce « parfum » si peu ordinaire, même l’un d’eux était pas loin de recraché ce qu’il avait dans l’estomac.

- C’est la raison pour laquelle je vous change de place : vous n’avez aucun style, aucune méthode de combat, aucune façon de vous défendre en vous protégeant et vous vous reposez trop sur le fait que vous ne ressentez pas la douleur. Si un jour vous tombez sur un combat que vous ne pouvez fuir et que votre collègue qui, soit ne peut plus rien faire ou vous met en danger car sa propre bavure a engendré cette situation, soyez-en sûr : votre tête sera l’une des premières à tombées. Les monstres n’ont aucune pitié pour leurs proies.

Elle lâcha Naomi, signe que la plaie était fermée via une brûlure. Cela n’était pas beau à voir, ni même à sentir, mais il le fallait. D'ailleurs, même si elle avait tentée de se séparer de l’inspectrice, elle n’aurait pas réussit.

- Vous serez combattante, mais devez faire en sorte de vous battre avec technique. Vous devez voir et sentir comment celui en face de vous agite sa lame ou ses crops, avant d’agir en conséquence. De plus, vous n’avez aucun équipement pour ce travail, un bouclier et la maîtrise de cette dernière est capitale.

Elle rangea son briquet dans une de ses poches et fini son monologue en se tournant vers les autres.

- La technique est une chose que vous devez apprendre au plus vite. Le meilleur moyen est pendant un combat à mort avec ceux qui veulent vous voir morts, mais aussi d’apprendre via l’aide de quelqu’un d’autre comme pratiquer un sport de combat. Celui qui vous serait le plus apte ne peut être choisis que par vous-mêmes.

Je reste stoïque, observant ma main brûlée par la chasseuse, sans qu’aucune souffrance n’en ressorte si on exclut l’odeur. Combien de fois je me suis cramée en essayant d’attraper un truc trop chaud, pour ne m’en rendre compte que bien plus tard en voyant les cloques? Mais je reconnais que soigner mes blessures en les cramant avec un briquet c’est un niveau de stoïcisme que je n’avais pas encore atteint, et ce sera rapidement corrigé. Certes je fume pas, m’enfin j’ai un chalumeau dans mon atelier. Ça fera l’affaire.
Je pousse ensuite un soupir, dépitée par la condescendance de la formatrice:

“Oh, ne pas ressentir la douleur est un handicap? Merci, je n’étais pas au courant ! J’ignorais que c’était à cause de ça que j’me tape des putains d’examens médicaux chaque semaine, que j’dois voir un médecin au moindre impact ou symptôme suspect parce que ça peut évoluer en truc létal tranquilou sans que j’le détecte, ou que je me ruine en médocs préventifs parce que j’ai aucun moyen de savoir si j’ai pas une infection interne qui me bouffe le bide, voire une nécrose ! Hey, ça se trouve, j’me suis pris une balle dans le dos avant de venir et c’est déjà trop tard ! Ou la dague était empoisonnée et j’devrais être pliée de douleur en attendant un antidote, mais à la place j’vais tranquillement continuer à marcher jusqu’à m’écrouler d’un coup ! A chaque seconde j’peux crever d’un truc bénin qui traîne dans mon corps depuis trois ans et qu’on aurait pu soigner si j’l’avais senti, super ! Ouais, ça se trouve j’suis déjà morte et j’le sais littéralement pas encore, vous parlez à un cadavre ! Ça me fera une belle jambe d’avoir reçus vos conseils !”

Putain, si y’a un truc dont j’ai horreur c’est qu’on me parle de ce problème sans rien y connaître. Enfin…faut p’tet que je me calme. Y’a du vrai dans ce qu’elle raconte, c’est juste que…merde quoi.

“‘Fin…je sais, oui, j’ai pas appris à me battre. Désolée mais on apprend pas ça en France, j’ai juste cogné des petits cons au collège et au lycée. J’voulais faire du MMA à une époque, mais…on m’a recalé. Trop dangereux avec mon handicap, j’peux littéralement continuer à me battre jusqu’à en crever, s’pas trop l’esprit du sport.”

En France? Merde, c’est vraiment ça la nationalité de la fausse idendité qu’on a transmis pour l’inscription? Rah, j’sais plus. J’m’en fous.

“Ouais, pour l’équipement j’ai appris l’existence des boutiques…récemment. Mais vu les prix de toute façon j’aurais rien pu me payer, j’ai déjà assez de mal à joindre les deux bouts comme ça, et mon précédent donjon…m’a coûté plus cher en soins que ce qu’il m’a rapporté.”

Bon, ça je m’y attendais avant même de m’y inscrire.

“Cela dit…un bouclier? Genre à la Captain America? Nan…vraiment ça s’pas fait pour moi.”