Le bruit des coups de feu retentirent au loin, créant une mélodie rythmé par le hurlement des mots incompréhensibles des hommes en uniformes, contenant tant bien que mal les créatures non humanoïdes qui déversaient dans les rues de cette petite ville. Le ciel est clair, mais sombre.
Le soleil n’était plus, laissant place à la lune.
La fraîcheur du vent caressaient la peau de ceux qui étaient dans les alentours, l’odeur de sang et de poudre se mêlant entre elles, étouffant l’air ambiant.

Un énième son effroyable se mêla à son tour au carnage. On ne pouvait savoir s’il provenait bel et bien d’un humain, ou que son origine était la même que celles des bêtes qui affluaient les lieux.

Un léger écho d’un briquet fit tâche dans cette enfers sonore, une fine flammèche éclaira le visage d’une femme à la chevelure blonde allumant son cigare d’une main, avant que d’un coup sec, elle retira le petit instrument dans une de ses poches, fermant les yeux pour inspirée avec sérénité sa dose de tabac.
Le sang lui couvrit une partie du visage. Des blessures étaient visibles un peu partout, se rajoutent à son palmarès de cicatrices cachée par sa tenue verte de militaire.
La pièce où elle séjournait était barricadée avec un peu de tout.
Des armes et des munitions étaient en bazar à ses côtés.

C’était le coin de repos en plein enfers. Un lieu parmi tant d’autres sur la carte du monde, où monstre et humains s’entre-tuaient. L’un pour occupé le territoire, l’autre pour le garder.


- Cap’… ?

Ouvrant un seul œil pour observer son interlocuteur, elle l’interrogea à son tour.

- Hm ?

- Cap’… Toujours en un seul morceau ?

- Ha ; répondit-elle avec un rire plus qu’amusé par cette question que le sens derrière ; tu pense que j’aurais pu ramené ton sale cul de ce trou à rat avec une seule partie de mon corps ?

Aucune réponse.
Le silence se contentait de lui répondre. Les deux seuls individus de la pièce ne firent aucun bruit pendant un moment, bercé la cacophonie du champs de bataille à quelques centaines de mètres plus loin.
Une explosion brisa la monotonie morbide pendant un instant. Puis une autre.
La fumée s’éleva dans le ciel, comme si celle-ci voulait cacher ce terrible spectacle à une audience invisible qui épiaient les évènements avec intérêt.

- On gagne ?

- Qui sait… Je n’ai pas mis les pieds là-bas depuis que tu étais au sol. J’ai trouvée cet endroit et en ai fait un abri le temps que l’on puisse repartir.

L’homme siffla un « merde » entre ses dents, essayant tant bien que mal de bouger le moindre doigt de ses mains ou l’un de ses orteils.
Il était paralysé.
La femme balafrée referma l’œil à nouveau, exploitant le répit qu’offrait leur situation actuelle.

Elle ne voulait pas partir.
Elle ne voulait pas le laisser derrière, seul, dans cette ville répliquant la damnation éternelle des pêcheurs tombés pour leurs actions passées.
Les deux se connaissaient depuis peu de temps. Ils avaient échangés des mots, des accolades, et des plaisanteries. Ils se connaissaient par des surnoms que les membres de l’équipe se donnaient entre eux.
Rien d’autre.
Mais c’était suffisant pour elle pour rester avec lui. Par pur respect et obligation.

- Tu as quelque chose pour passer le temps ? Une histoire ou une anecdote ?

La blonde leva la tête vers le plafond, ne sachant pas quoi dire.
Elle n’était pas de ceux qui racontaient leurs péripéties à tout bout de champs, car elle n’en voyait pas l’importance.
À ses yeux, sa vie était banale et sans intérêt.
Une vie sans goût, à passer ses journées à exister ici et là. D’abord les cours, puis les entraînements intenses sous le regard de son père, le seul géniteur qui était à ses côtés depuis qu’elle était petite.
Et après ça ? L’éveil à l’âge de 15 ans au rang C. Puis l’armée à ses 18. Le seul endroit où elle était capable de quelque chose et qui lui donnait un soupçon de se sentir exister.

Une vie qu’elle pensait dénuer d’attaches, à une ou deux exceptions près.

Son collègue se lança dans un longue monologue sur son histoire, coupé parfois par des gémissements de douleurs. Sa vie, sa famille, ses amis. Parfois, il répétait la même chose ou se trompait, reformulant sa phrase tout en s’excusant.
Elle l’écoutait sans rechignée, gardant un œil attentif aux alentours et une autre oreille sur l’extérieur.

Les minutes défilèrent les unes après les autres, puis il s’arrêta.
La scène du silence se rejoua à nouveau, avant d’être brisée par le bruit de pas de la balafrée.

- Eh blondie…

Elle s’arrêta.

- Je vais mourir pas vrai ?

Elle ne dit rien.

- Je peux le sentir, pas besoin de le cacher.

Tandis qu’elle s’avançait vers lui, elle chargea son fusil d’assaut avec des mouvements de main digne d’un expert. Ses chaussures dégageaient sur les côtés des fioles de morphines dispersés sur le sol, puis rapprocha sa tête vers lui.
Ses yeux bleus disaient tout.

- La blessure était trop sévère.

C’était sa seule explication. Les deux savaient très bien qu’échangés en insulte ou en maudissant le monde n’allait rien changer.
Ils étaient déportés ici, se sont battus sous les ordres de leurs hiérarchie et l’un d’entre eux n’en a plus que pour quelques minutes.
Les bandages de l’homme se rougirent. Bientôt, la vie lui quittera des entrailles.
Elle devait partir, rester ici plus longtemps la mettrait aussi en danger.
Elle était venu ici pour tuer sous les ordres de l’armée. C’était son quotidien, leurs quotidiens. Être sentimentaliste ne résoudrait rien.

- Fait-le.

Elle hocha la tête avant de pointé l’arme vers son front.
Pas de larmes. Pas d’embrassades. C’était le quotidien du front.
Par respect pour lui, son doigt était sur la détente, comprenant qu'il préférait finir de la main d'un de ses camarades que celle d'un monstre.
Il ferma les yeux, expira une dernière fois et elle pressa la détente.

----------------------------

Dans un appartement aux États-Unis, à New York, une femme ouvrit les yeux, le sommeil n’avait plus d’effets sur elle. Se dirigeant vers la salle de bain, elle laissa couler l’eau de sa baignoire avant de se mettre en tenue d’Eve.
Ses cicatrices étaient nombreuses. Visage, poitrines, bras, coup. Et sa chevelure jaune trahissait son identité.
C’était la même femme que dans la scène précédente.
La même, mais à quelques détails près : elle avait l’air d’être plus mûr, plus âgée.
Son regard bleu perçant démontraient sa force de caractère et son expérience.
Marchant en peignoir dans son entre de vie, elle mit la main sur de ses tenues qui emplissait sa garde robe. Á côté d’elle, un badge avec une carte d’adhésion et de rang.

« Laura White, Guilde des Chasseurs, Inspectrice. »

Un nouveau rang, une nouvelle tenue, pour une nouvelle vie.

Cela faisait deux ans depuis qu’elle est partit de l’armée, changeant un uniforme pour un autre.
Le pourquoi de la raison est qu’elle ne voulait plus rester. Est-ce que c’était l’abus du gouvernement par rapport au traitement des soldats sur la ligne de front qui la dérangeait ? Ou le fait qu’elle soit traumatisée par la mort de ses camarades d’armes ?
Non, c’était plus personnel. Elle ne se sentait plus chez elle.
Ces batailles, ces situations entre la vie et la mort en portant l’uniforme et en protégeant les valeurs de son pays ne l’ont jamais vraiment intéresser.
Elle voulait tout simplement se sentir à la maison. Vivre.
Le fait qu’elle était entouré de camarade sous une seule et même équipe lui donnait un semblant de chez soi.
Mais les années passèrent et le groupe qu’elle avait connue se dessoudait peu à peu, jusqu’à ce qu’il ne restait plus qu’elle.
Alors elle quitta l’armée après une dizaine d’année de bon et loyaux services, trouva un appartement à New York, passa un entretient d’embauche à la guilde des chasseurs et obtenu le job.
Le travail n’était pas difficile à avoir, son CV et son rang de chasseur obtenu par son éveil et affiné par ses années d’expérience ont montrés qu’elle méritait sa chance.
Il a fallut un temps pour que son rang dans la guilde augmente et qu’elle obtienne son poste actuel d’inspectrice.
D’abord assistante, puis l’examen pour la promotion. Après tout, la guilde des chasseurs travaillent avec la loi.

Pourquoi ce travail en particulier ? La paye, la stabilité et le fait que ses capacités collaient bien avec ce qu’ils recherchaient.
Avoir l’œil attentif aux détails, rédiger un rapport, utiliser la force brute si nécessaire. Des choses qui étaient automatique pour elle.
Elle entraîna aussi les chasseurs débutant ou les conseilla, allant même partir en donjon avec eux ou faire partir des troupes de choc.
Á vrai dire, elle porte plusieurs casquettes sous un seul nom.

Son téléphone sonna, elle emboîta le pas vers celui-ci avant de décrocher, de répondre avec peu de mots avant de l’éteindre.
Il lui restait encore du temps devant elle avant le début de sa journée et celle-ci lui demanda déjà de se manier le derrière.