S’il y avait une chose dont j’étais sûre, c’était que j’aurais clairement pas été bonne pour faire des études de commerce. Tout ce qui était de tromper, jouer sur les mots, vendre un produit ou convaincre les gens d’acheter un truc était des concepts qui m’ennuyaient pas mal. J’étais de la technique moi, pur sang ! J’allais pas dire que de l’électricité coulait des mes veines et que je mangeais des barrettes de RAM au petit déjeuner mais… Je ne prenais pas de petit déjeuner. Sauf quand Scary passait, mais ça, c’était une autre histoire.

Du coup, j’avais terminé mon super traducteur. Fonctionnel, clairement. J’y avais même apportée deux trois modifications, histoire de simplifier un peu la création, et du coup, je me retrouvais avec un tiroir groupant quelques unes de ces choses là. Avoir un stock, modéré certes, permettrait au moins de faire face aux commandes ! Enfin, si elles arrivaient un jour. Car pour le moment, c’était là que le bas blessait. Comment dire…

Disons que juste une annonce noyée sur le net avait clairement dû se perdre. Entre ça, les arnaques, les gros produits pas foncièrement si performant et autres offres qui, finalement, refourguait de la camelote à prix cassé, c’était assez difficile de se faire une véritable offre. Bon, à défaut, j’avais prit un peu de mon temps libre pour faire un beau site web. Enfin, y’avait quelques pages à peine, une qui présentait mon produit phare et qui, pour le moment, peinait à convaincre.

Raaaah, c’était toujours chiant lorsque je mettais des efforts dans quelque chose et que ça n’était pas bien récompensé ! Mais le plus dur était sans aucun doute le départ. Une fois que j’aurais un peu de crédibilité dans le domaine, ça se vendrait probablement super bien ! Restait juste que dans l’immédiat…

Bref, une nouvelle journée qui commençait, et une boite mail commerciale (je l’appelais ainsi, histoire de bien différencier tout mon bazar) un peu trop vide. Y’avait également des spams, des gens qui proposaient des services à des entreprises, mais bon. J’avais pas besoin de crayon, de feuilles ou de je ne sais quoi ! J’étais pas le service compta !

De toute façon, j’avais surement d’autres choses à faire. Genre terminer de regarder le film que j’avais lancé hier soir et qui avait gagné au jeu du sommeil. A se demander comment j’avais fini dans mon lit moi… Probablement que dans un dernier geste j’avais fait les pas qui me séparaient de mon plumard, et que je m’étais empafée dedans… Ouais, plausible. Ça me surprendrait pas en tout cas.

Cependant, ce fut un bruit sur ma sonnette qui vint à me faire lever les yeux de ma tasse de café qui était en train de se remplir. Si ce spectacle quotidien était presque sacré, le fait d’être dérange à… Ah ouais, onze heure… Bref, le fait que quelqu’un vienne était déjà un peu plus surprenant. Je pensais pas avoir commandé pourtant… Ni loupé un truc important.

Allant jusqu’à la porte, pour mettre mon marchepied histoire d’arriver jusqu’au judas de la porte de mon appart, ce fut avec un peu de surprise délayée par mon taux d’éveil qui me fit me rendre compte que, devant moi, ce n’était pas les témoins de Jehovah, mais une personne que je reconnaissais. Ouvrant la porte, ce fut avec pas mal de surprise que j’accueillis ainsi :

“Kathryn ? Genre c’est toi ? Damn, deux rencontres en deux continents c’est… Surprenant.”

Clairement, j’avais pas l’habitude de retomber comme ça sur des gens. Enfin bon, avec Naomi je… Ouais bref. Cependant, un regard rapide sur ma tenue, pour pas dire que j’étais toujours en culotte t-shirt, me fit comprendre que c’était pas trop l’habit pour recevoir quelqu’un. Fin parfois si mais… Peut-être pas dans ce contexte. Fin j’en savais rien moi…

“Euh… Je pars me changer avant qu’un locataire se rince l’oeil, ou j’te fais rentrer avant ? Fin… Dépend de ce que tu veux en fait.”

Cliente de la Première Heure ― Julia ?

Il y avait des inventions qui sortaient tous les jours. Huit milliards d’individus, ça en faisait des idées à la seconde. Certes, tous n'aboutissaient pas et la majorité absolue finissait dans les méandres de l'inconscient, dans les abysses de l'être. Cependant, ceux et celles qui avaient l'intérêt et les capacités de mener à bien leurs inspirations produisaient parfois des merveilles, parfois des "memes". Combien d'invention complètement farfelue et inutile reposait dans des placards d'inventeur. Cependant, il y avait très certainement des joyaux qui naissaient ici et là. Aujourd'hui, les recherchistes de la compagnie administrer par la famille Shaw : La Shawshank Mining Corp, semblait avoir trouvé une invention qui, si elle fonctionnait vraiment, offrirait une solution efficace à l'un des problèmes les plus coûteux de sa compagnie ; les chasseurs-traducteurs.

La Shawshank Mining Corporation offrait des services aux guildes afin de fournir les équipes de mineur. Sauf que les portails apparaissaient partout dans le monde et les différentes équipes ne parlaient pas toutes les mêmes langues. D'organiser des expéditions entre les trois équipes typiques demandait une communication sans faille et la barrière de la langue devenait vite problématique. Pour régler ce problème, la compagnie de la famille Shaw engageait des chasseurs qui faisaient office de traducteur sur patte. Sauf qu'ils étaient sur-spécialisés et chargeaient des prix de con.

Ainsi, la section R&D de la compagnie avait une petite équipe dédiée à la création d'une solution pour l'entreprise. La majorité des fonds n'allaient absolument pas vers ça, mais quelques individus veillaient à créer quelque chose pour régler ce problème. Ayant créé un appareil, ils avaient eux-mêmes été déposés un brevet, mais avait complètement été pris de court par quelqu'un d'autres. Des mois de recherche noyée par une chasseuse qui avait simplement été plus rapide qu'elle. S'en étaient suivi les recherches typiques. Qui était-elle, qu'était son produit, pourrait-elle être achetée ? Bref, une multitude de questions qui finirent par tomber sur les cuisses de Kathryn. Pourquoi ? Parce qu'elle connaissait la chasseuse en question, elles avaient été dans un donjon ensemble.

Elle avait donc été mandatée pour aller prendre contact avec cette Julia Sherman comme représentante de la compagnie de son père. L'objectif, déterminer l'efficacité de l'appareil en question et s'il s'avère aussi innovateur que décrit, ouvrir un canal de communication pour l'acquisition du brevet de la jeune femme où, si elle refusait, sécuriser un contrat d'approvisionnement.

La voilà donc, en train de cogner à la porte d'un appartement de La Grande Pomme. La jeune femme avait listé son adresse personnelle dans la section : "Contactez-Nous" de son site internet. Un détail que Kathryn trouvait bien amusant, mais après tout, si elle ne possédait pas de boutique pour la vente de son appareil, ce n'était pas quelque chose de rare. La plupart des inventeurs n'étaient pas des spécialistes de la commercialisation non plus. Peut-être était-ce le cas ici ?

Dans tous les cas, et au-delà des raisons commerciales qui l'amenaient là, Kathryn était quand même contente de revoir quelqu'un avec qui elle avait arpenté les dangers des portails. Surtout que ce désert avait été une putain de saloperie. Elle n'eut pas très longtemps à attendre avant qu'on vienne lui ouvrir la porte. En effet, Julia, en shirt et bobettes l’accueillit immédiatement. Pour être franc, elle fut absolument prise de court par la tenue de son ancienne partenaire de donjon.

[Kathryn] -  Ah... Euh... En fait... J'habite New York. Comme toi, à ce que je peux voir.

Il ne fallut cependant pas longtemps pour Julia pour se rendre compte de sa tenue, ce qui fit sourire Kathryn.

[Kathryn] -  Euh. Je peux bien entrer en attendant.

Déclarait-elle en attendant d'être invité physiquement. Faisant un pas en avant, elle fermait la porte derrière elle et attendit sagement là que son interlocutrice se change. Une fois de retour en sa compagnie, Kathryn ne perdit pas du tout de temps, elle se doutait bien que la prochaine question tournerait autour de ce qui l’amenait ici.

[Kathryn] -  Je suis tombé sur ton site web et tu y as listé ton adresse. Ma visite se veut être commerciale, je suis bien intéressée par ton traducteur.

Dit-elle en ne révélant pas immédiatement qu'elle était ici à cause de la compagnie de son père. Au final, ce n'était même pas un mensonge. Elle était personnellement intéressée par le traducteur.

Mon regard un peu perdu se balada tout de même dans le reste du palier. Vide, si ce n’était Kathryn qui trônait dans mon entrée. Forcément, j’avais bien des questions à lui poser, déjà… Qu’est-ce qu’elle foutait là ? Fin, non pas que j’étais pas contente de la voir, c’était une personne avec qui je m’étais bien entendue dans mon donjon (enfin, c’était un peu bizarre de dire “mon” donjon. On croirait à des trucs pas nets…), mais de là à la voir débarquer…

Enfin, j’étais pas sensée être une si mauvaise hôte, donc je l’invitais à rentrer étant donné que ça ne la dérangeait pas. Damn, je m’attendais pas à de la visite. Si j’avais sû, j’aurais au moins fait l’effort de boire mon café avant de lui ouvrir en petite tenue. Mon taux de réflexion était à un niveau surement bien catastrophique là… Tant pis de toute façon. Et le fait qu’elle soit là pour mon traducteur entra dans une oreille, grava un petit truc dans la partie “à déchiffrer plus tard”, puis repartit par la même porte non sans laisser quelques courants d’airs et un regard presque inexpressif face à cette “révélation”.

“Bon, j’t’en prie, installe toi. J’en ai pour 2-3 minutes.”

Le temps de prendre quelques vêtements dans mon armoire et… D’aller dans la salle de bain. Ouais forcément, avec une invité, j’allais pas non plus me désaper devant elle. Fin j’aurais pu hein ! Dans d’autres circonstances ! Mais là mes quelques neurones me disaient de pas faire non plus trop de conneries. Du coup, je sautais dans des affaires propres, lançant d’une manière un peu hasardeuse les sales en direction de ma panière, avant de me diriger erratiquement vers la cuisine, et surtout, vers la machine à café, où je pris ma tasse, maintenant pleine, avant d’en boire goulument quelques gorgées.

“Aaaah…”

Chaud sa mère.

J’écarquillais mes yeux le temps que la douleur ardente ne passe le long de ma gorge. Punaise, s’il fallait ça pour me réveiller, je crois que j’étais passée de la paresse à l’état d’urgence. Et damn, le fait de sentir un truc brulant descendre tout le long de mon œsophage était une sensation très spécial au réveil. Et sans sucre en plus.

“Wouh.”

Première réaction avant que je ne secoue la tête. Au moins maintenant, je devais être physiquement et socialement présentable, même si j’avais encore des doutes. Je n’étais ni coiffée, ni particulièrement bien sappée, et mon t-shirt était passablement de travers. Je ferais avec cependant. Et socialement… Bah, j’étais peut-être la catastrophe du siècle, donc bon.

“Donc euh… Kathryn ! Désolé, j’me réveille à peine. Mon café avait pas fini de couler que tu toquais à ma porte ! D’ailleurs, t’en veux un ? J’te préviens d’avance il est… Chaud.”

C’était surement le seul adjectif qui me venait en tête actuellement. Fallait croire que cette douloureuse expérience était ce que j’avais de plus récent à retenir. Plus que l’arôme en tout cas. Toutefois, je réfléchis un peu, retrouvant les traces de ce pourquoi elle était là, et lisant ça avec presque une épiphanie !

“Oh ! Un traducteur donc ! Ouais, j’ai posté ça sur le net. J’ai développé ça ces derniers temps. J’suis peut-être pas la meilleure chasseuse hein, t’as pu le voir, mais question science, là c’est une autre histoire ~.”

J’affichais un certain sourire. Après tout, c’était mon domaine là ! Un où je maitrisais un peu tout !

“Et du coup t’en veux un ? Genre pourquoi ? Enfin bon j’me doute que c’est pas pour insulter des motards en moldaves sur une autoroute berlinoise, même si j’te jugerais pas hein ! Mais… Je suis juste curieuse !”

Cliente de la Première Heure ― Hot... coffee

Alors qu'elle attendait, Kathryn faisait valser ses iris sur les meubles de l'appartement de Julia. Toisant du regard les quelques effets qu'elle possédait, elle fut rapidement distraite par l’odeur amère du café qui infusait. La caféine avait toujours été le péché minon de la jeune femme. S'il y avait du café, sans doute aimerait-elle ce qu'elle avait dans son assiette. Après tout, même son dessert préféré en était composé ; le tiramisu.

Elle n'eut pas très longtemps à attendre avant de voir Julia apparaître de nouveau dans le décor. Désormais vêtu et un minimum présentable, de voir l'état de celle qui avait mené la multitude vers la victoire, lors de leur donjon ensemble, la faisait bien sourire. Buvant une gorgée de café un peu trop rapidement, la jeune femme se brûlait l'intérieur de la bouche et de la gorge.

Kathryn ne put s'empêcher d'échapper un petit rire face à la situation qui était beaucoup plus désorganisé que ce à quoi elle s'attendait. Venant de se faire offrir un breuvage, Kathryn prenait place autour de la table, indiquant d'un coup de tête qu'elle aimerait bien en avoir une tasse.

[Kathryn] -  Noir, s'il te plait.

Non pas qu'elle appréciait particulièrement le café noir, mais c'était plus simple que de se faire offrir les multiples choix possible et imaginable qu'avait tous et chacune. D'autant plus qu'elle ne dépréciait pas le goût non plus et les arômes qu'elle sentait jusqu’à présent l'inspiraient au point de goûter a cette sorte de café sans le moindre artifice.

[Kathryn] -  Allons ! C'est quand même grâce à toi que le boss du donjon est mort. Sans parler de ton idée pour traverser la tempête. Tu es une chasseuse bien plus compétente que tu ne le crois. Surtout plus que moi à ce moment-là.

Répliquait-elle en baissant les yeux. Soupirant face à l'incompétence dont elle avait bien fait preuve lors du premier donjon suivant sa mort.

[Kathryn] -  Mais les choses ont bien changé depuis. Je me suis rendu compte qu'il y avait eu une erreur dans l'identification de mon rôle.

Révélait-elle avant de porter sa dextre en direction de la magicienne. D'un seul coup, une légère aura lumineuse l'entourait, soignant au passage les brûlures causées par le café, démontrant son affinité pour les soins.

[Kathryn] -  Ce n'est pas pour rien que je n'arrivais pas a blesser quoi que ce soit et que tout ce que je pouvais faire c'était de léviter.

Rajoutait-elle en rigolant.

[Kathryn] -  Pour ce qui est du traducteur, il m'intéresse pour deux raisons. D'abord parce que je ne parles qu'anglais, mais que j'interviens dans tous les pays du monde. Ensuite, parce que ma compagnie aimerait peut-être faire affaire avec toi, si ton produit passe une série de tests d'utilisation, bien entendu.

Répliquait-elle en glissant une carte d'affaires de l'autre côté de la table, devant Julia.

C’était donc en préparant un café bien noir que je continuais cette petite conversation. J’avais des capsules. J’étais pas une try-hardeuse au point de moudre moi-même mon grain et compagnie. Y’en avait qui le faisait, et qui proposaient surement un café d’exception à chaque matin. Mais… Eh bien, déjà le matin j’avais pas les neurones suffisamment connectés pour me permettre ça, mais pour une raison tout bête : Je voulais pas que le hors-norme devienne mon quotidien ! Je voulais que lorsque je prenais un café au resto, ce soit une toute autre expérience que chez moi ! Donc ouais, dosettes. Et puis, c’était plus rapide.

Et j’me faisais du coup complimenter sur le donjon. Euh well, je pouvais pas nier que j’avais eu un certain rôle dans cette grande aventure qu’avait été mon premier donjon. Ça avait été positif, ça, j’allais pas pouvoir le nier. Mais j’irais pas jusqu’à me bercer d’illusions et me dire que j’étais faite pour ça, clairement, j’avais d’autres points à travailler.

“Bah, je pense qu’on a eu de la chance car la situation s’y prêtait ! Et que le reste du groupe a eu tout de même l’audace d’écouter celle qui fait pas un mètre soixante et qui avoue que c’est son premier donjon. Sans ça, j’aurais pû dire ce que je voulais, mais, sourde oreille hein !”

La concernant cependant, elle expliquait qu’elle avait eu une sorte d’erreur dans l’identification de son rôle. Et pas une petite hein, on parlait pas d’un combattant qui était en fait un guerrier, mais carrément en soigneur en fait !

“Damn, c’est possible ce genre d’erreur ça ?”

En vérité, je n’en savais rien, mais si ça devait être le cas, fallait au moins que ce soit particulièrement rare, sinon, la crédibilité de la guilde irait en prendre un sacré coup. Mais bon, plus de peur que de mal heureusement.

“Ah ouais clairement, ça se comprend. Enfin, heureusement qu’ils ont rattrapés ça du coup, sinon… Well, on sait tous les deux comment ça aurait pu mal finir.”

Et probablement valait-il mieux éviter de parler de telles réjouissances. Autant ne pas gâcher une journée qui avait encore tout le luxe d’être bien belle. D’autant qu’elle était placée sous le signe des affaires, étant donné que Kathryn était intéressée par le traducteur. Forcément, en ne parlant qu’Anglais, c’était quelque chose de pratique, mais c’était plus le deuxième point qui me fit hausser les sourcils.

“Attend, ta boîte veut faire affaire ? Genre dans quel style ? Une grosse commande ? Damn, je m’attendais pas à fournir des pros aussi rapidement ! Mais bon, euh… Déjà, une chose à la fois non ? Déjà t’auras l’occasion de le tester, et une fois ça fait… Eh bien, si tu trouves ça concluant, on pourra voir ça !”

Je regardait tout de même un peu penaude la carte qu’elle avait posé sur ma table. Une entreprise de… Minage ? En tout cas, ça y ressemblait. Mais c’était vague quand même.

“Et du coup c’est une entreprise de quoi ? Tu gères des mines ? Des mines de bitcoins peut-être ! Paraît que ça créait des fortunes fut un temps. A moins que j’me plante complètement et que ce soit en lien avec les donjons…”

Cliente de la Première Heure ― Julia ?

[Kathryn] - Tu me vois aussi surprise que toi ! Je ne pensais pas que ce genre d’erreurs pouvait arriver aussi.

Répliquait-elle en haussant les épaules. Bien entendu, il s'agissait là d'un gros mensonge, mais l'Américaine n'était pas prête à révéler au monde la nature du pouvoir qui lui était alloué. Kathryn avait des projets, elle avait des désires pour les utilisateurs du système, mais elle était bien d'avoir la puissance requise pour l'instant. Elle se souvenait du commentaire lancé par la jeune femme en plein coeur du donjon. Julia était au courant et connaissait le système, au même titre que son frère en était, lui aussi, un utilisateur. Forcément, la fratrie Shaw n'était pas les seuls dans cette situation et elle avait absolument envie de lancer une conversation sur le système avec Julia, mais elle n'était pas impulsive et gardait le tout secret, pour l'instant.

La conversation tournait rapidement sur la raison qui les avait réunis en cette chaude journée printanière.

[Kathryn] - Bien entendu, avant que ma compagnie entre en affaire avec toi, il va falloir faire quelques tests, mais ça pourrait effectivement être quelque chose qu'on aimerait.

Répliquait-elle avec le sourire.

[Kathryn] - À t'entendre, j'ai l'impression que tu sous-estimes largement ton travail, Julia. Si ton traducteur est si efficace que ton site internet le laisse supposer, tu viens de créer quelque chose de révolutionnaire.

C'était, bien entendu, son propre avis. Cependant, un traducteur universel avait quelque chose de phénoménal. Même Google n'y était pas arrivé. Les subtilités dans les langues étaient quelque chose de bien trop complexe pour cette compagnie qui avait, pourtant, révolutionné le monde. Au final, l'outil restait bien imparfait pour l'utilisation de la compagnie Shaw, car la technologie ne fonctionnait pas au coeur des donjons.

[Kathryn] - Pour répondre à tes questions, ma compagnie offre des services de minages de cristaux au coeur même des donjons. On fait affaire avec les petites guildes du monde entier et nous leur offrons une équipe complète dédiée aux ramassages de cristaux. On fait surtout affaire avec des donjons de rang C et moins, mais quelques grandes compagnies ont parfois usé de nos services, mais c'est généralement assez rare. Ton traducteur nous permettrait de facilement communiquer avec les équipes du monde entier. Tous ne parlent pas anglais et la barrière de la langue est souvent un problème bien important.

Révélait-elle en gardant quelques détails pour elle.

[Kathryn] - J'aimerai faire l'acquisition de ton produit, que je payerais de ma propre poche. S'il nous convient, plusieurs options s'offrent à toi. Nous aimerions nous procurer une grande quantité de traducteurs. Tu dis ne pas être prête pour ce genre de transaction et, dans ce cas, nous aimerions soit acheter ton brevet ou bien t'engager dans notre équipe de R&D.

Déclairait-elle.

[Kathryn] - Cepenant... Au Delà de tout ça, je suis aussi contente de te revoir Julia, car j'ai une proposition pour toi. Quelque chose qui sort de ce qui m'a amené ici...

Dit-elle avec tout le sérieux du monde, mais un sourire aux lèvres.

[Kathryn] - Un jour... J'aimerai créer une guilde... Une place pour que les gens évoluent ensemble et découvrent le monde en se sentant en sécurité et protéger. Une place pour que tous puissent se développer sans se soucier des compétitions qui prennent naissance dans les grandes guildes. C'est peut-être idyllique, mais en temps et lieu, j'aimerai que tu en fasses partie. Je ne te connais pas beaucoup, Julia, mais le peu que j'ai vu de toi... Je pense que tu y trouverais ta place.

Dit-elle en pensant qu'elle était, elle aussi, une joueuse. L'objectif ultime de cette guilde que souhaitait fonder Kathryn était de protéger les joueurs des menaces extérieures du monde qu'elle habitait. D'explorer les aléas du système, ensemble, sans avoir besoin de se soucier des gouvernements qui verraient les joueurs comme de potentielles ennemies. Cependant, elle était bien loin d'avoir le niveau pour ça. Elle n'avait pas fini son escalade et ne pouvait lancer un tel projet, ici et maintenant. Cependant, Julia lui semblait être une alliée importante pour cette lancée, ne serait-ce que par sa facilité avec les langues. Même si elle n'était pas joueur, sa guilde se voudrait être inclusive.

[Kathryn] - J'aimerai créer une guilde majeure qui accepterait autant les rangs E que les rang S. Inclusif, pour tous... Et j'aurai bien besoin d'une traductrice.

Rigolait l'Américaine qui ne parlais qu'anglais.

Bon bah, Kathryn n’en savait pas spécialement plus sur l’erreur qui lui avait valut une évaluation un peu bizarre de la part de la guilde des chasseurs. Fallait croire que ça arrivait pas spécialement souvent et que, de l’autre côté, ça avait pas l’air de le choquer plus que ça. Elle aurait pu y laisser la vie tout de même ! Sauf que ça allait. Elle n’était pas une Karen qui irait demander à voir le manager de la guilde sitôt le moindre problème rencontré ! Ou alors elle cachait bien son jeu et elle avait déjà envoyé un recommandé au conseil d’administration, histoire de bien faire passer ses plaintes en prioritaire.

Enfin, on était pas là pour trop discuter de ça, mais plutôt de ce qu’elle faisait pplus spécialement ici, à savoir des courses ! Enfin, plutôt un achat spécialisé que de véritables emplettes, mais bref, ça pouvait être un deal qui pouvait rapporter pas mal dans l’idée… Ouais, clairement. Mais bon, pas de pression hein, ça serait bête de cafouiller juste à cette idée là. Chaque chose en son temps.

“Eh bah écoute, on va voir ça ! Mais ouais, j’t’assure que pour être efficace, il l’est ! Et j’dirais pas que je me sous-estimes. C’est une réalité hein, t’as beau avoir une idée sensas, si t’as pas la renommée derrière toi, tu peux être complètement à perte. Tu verrais rien que le nombre de téléphone qui se vendent à des milliers d’euros alors que, question performance et esthétique, t’as mieux à cinq fois mois cher. Juste que la pomme a son prix…’’

C’était une réalité hein ! J’avais eu quelques cours surprenamment intéressants en école d’ingé. Vie du produit qu’ils appelaient ça, et le prof était un passionné ! Dans les faits, c’était pas la matière qui m’intéressait le plus de base, mais le prof faisait ça avec une passion suffisante pour que j’y aille et que je passe pas un si mauvais moment. Et au final, ça m’était tout de même assez utile.

Kathryn expliqua du coup sa boîte. Hiiin… Mine dans les donjons, des cristaux, tout ça. Évidemment, c’était un peu plus logique que le bitcoin… Et surement que ça valait bien plus. D’autant que c’était pas la chose qui intéressait le plus les gens de base, donc d’avoir des pros qui savaient ce qu’ils faisaient et qui te ramenaient à coup sûr des cristaux, ça se tenait comme business, même si ceux des donjons de bas rangs étaient pas d’une grande fortune.

“Hum, si c’est communiquer que par échange de mail, là un simple logiciel de traduction serait suffisant… Mais ouais, si vous avez besoin de communiquer en face-à-face, là yep, ça se comprend.”

Et elle détailla un peu sa commande. Déjà donc un pour elle, mais potentiellement plus derrière. Cependant, ce fut le reste qui me fit hausser les sourcils elle… Me proposait d’acheter d’acheter mon brevet ?! Ou de m’engager ?! Woh woh woh.

“Woulà, deux secondes ! Hey, pour le moment j’aime un peu trop mon indépendance. C’est que de pouvoir faire un peu ce que j’veux de mes journées… Ça a pas de prix ! J’suis pas quelqu’un qui s’emboîte bien avec les responsabilités. Et puis, le brevet et tout… Pour le moment j’tiens le rythme, ça m’amuse de les faire, j’trouve toujours un point ou deux à améliorer en les faisant, que ce soit sur les blueprints ou sur l’IA. C’est un puzzle que j’assemble pas mal de fois certes, mais que j’aime bien ! C’est genre enlever et remettre les piles de la télécommande et… Ouais, un peu bizarre.”

Je ne cachais pas que c’était particulier, mais avoir les mains occupées pendant que j’étais sur mon pc était assez stimulant, surtout que je pouvais presque faire ça sans regarder maintenant. Une manière d’optimiser mon temps.

“Fin bref, c’est pas dans mes plans de le vendre dans l’immédiat. Et… Un de mes profs m’avait prévenu que dans ce genre de situation, c’était mieux de refuser, histoire que ça prenne de la valeur, surtout s’il gagne en popularité ! Mais bon, si un jour j’en ai marre… Well, on verra ça. Mais pour ta commande pas de problème, ça peut se faire !”

Toutefois, il y avait autre chose que cette visite commerciale. Kathryn m’expliqua qu’elle avait une proposition à me faire. Et ce genre de truc ça pouvait tout et rien dire quand même. Ça pouvait tout aussi bien dire qu’elle voulait qu’on se mange une pizza ensemble (je connaissais le quartier, donc ça aidait) que de m’annoncer qu’elle allait emménager dans l’immeuble. Ouais, ça aurait été zarb, mais bon. Y’avait beaucoup de chose qui étaient complètement imprévisibles…

Mais non, ce qu’elle annonça fut bien différent… Elle envisageait de créer une guilde. Une qui serait plus sur un esprit de coopération que de compétition. Et dit comme ça… Ouais, ça pouvait envoyer du rêve quand même, comme une guilde dans un MMO en gros. Mais de là à ce que ça devienne concret, y’avait surement du chemin à faire, et que ça devienne une guilde majeure, encore plus, fallait admettre que y’avait clairement du boulot.

“Eh bah… C’est un projet ouais. J’pense que t’as les moyens d’y parvenir. Cependant, quant à moi dedans… Va p’tête falloir que je m’habitue un peu plus à l’univers des donjons, des chasseurs et tout. Puis bon, comme dit. Les responsabilités et moi…”

Cependant, j’affichais un léger sourire en coin, pour répondre par rapport à une erreur qu’elle faisait :

“Par contre, je suis pas traductrice hein ! Certes, je sais parler Allemand, Anglais et Français, mais j’ai clairement pas la prétention d’en être une ! A la base, j’suis inventrice moi ! Ou inventeuse ? Damn, je sais pas comment ça se dit… Mais bref, quelqu’un qui fabrique des choses ! Dont des traducteurs. Ça la nuance. Genre, si tu veux j’te montre mon bordel de projet, tu devrais comprendre… Enfin, si t’as le temps hein ! J’ai le don pour papillonner.”

Finallement, la discussion avait été sur pas mal de détails profesionnels, et avait duré forcément un sacré moment. Kathryn avait été pas mal prudente j’pense, voulait s’assurer de toutes les petites conditions qui pouvaient y avoir. J’imaginais que c’était dans son intérêt de s’assurer d’une garantie concernant le produit et de poser des options pour plus si jamais c’était satisfaisant. Il avait fallut déjà le paramétrer pour elle, mais lorsqu’on eu une discussion en Allemand, puis en Français, puis en Japonais dans l’espace de quelques minutes, ouais, j’avais donné une bonne impression.

Mais de mon côté, j’avais apposé quelques conditions aussi. C’était que bon, je voulais pas être non plus complètement écrasée par la charge de travail que cela pourrait être, donc j’avais quelques trucs par rapport aux délais, mais énormément de protection quant à la sécurité intelectuelle de mon engin. Mais ça, j’avais déjà prit de base bien des sécurités. J’allais même jusqu’à dire que c’était tout simplement impossible de craquer l’IA qui permettait de faire la traduction !

Enfin, c’était pas pour me vanter, mais cette petite affaire eu du succès, et Kathryn, bien qu’elle était une de mes premières cliente, allait être également une sacré rentrée d’argent pour ma petite entreprise ! Comme quoi, parfois, avec un peu de bol et de timing, ça pouvait bien se faire ! Et j’étais plutôt contente, et un peu plus réveillée aussi d’ailleurs. Le café avait fait ses effets, et en vrai, Kathryn avait l’air d’être une personne assez intéressante quand elle faisait un peu tomber le masque. Mais bon, elle avait l’air d’être aussi pas mal occupée, et nos papotages vinrent à s’interrompre avec un coup de téléphone pro directement dans son oreille.

Et visiblement, ça parlait fort.

Bref, je m’étais pas imposée spécialement plus longtemps, et après quelques signatures, on se retrouvait liées par un contrat. Mon premier en plus, j’étais un peu euphorique tout de même, et passablement inquiète. Les responsabilités étaient pas mon fort tout de même…

Mais bref, c’était une autre histoire ça, et une autre aventure que j’allais faire ! Cependant, là, mon pc m’interressait pas mal. J’avais besoin de me détendre après un trop grand moment de sérieux.