Da Xia Shao, ou Xia pour plus de simplicité, s’est horriblement faite dérober son enfance et son adolescence par des monstres qu’elle fut forcée d’appeler « Maman » et « Papa ». Ses parents étaient de grandes pointures dans le monde des arts martiaux, de multiples champions du monde qui ont bâti leur réputation et leur richesse sur l’art de se battre de façon extraordinaire. Ils étaient pour ainsi dire imbattables et il n’était pas trop rare de voir son père apparaître dans quelques films d’actions grâce à l’empire qu’ils avaient fondé.

Mais ce n’est pas parce qu’ils enseignaient le Shaolin Kung Fu qu’ils étaient spirituels et encore moins « sages » et réfléchit. Le rôle de Xia dans toute cette histoire de fierté, « d’honneur » et de valeur … Était celui de « successeur ». Ils ne voulaient pas un enfant, ils voulaient quelqu’un pour reprendre les rênes lorsque leur corps faillira. Ils voulaient quelqu’un pour continuer de chanter leur louange et partager tous leurs efforts à travers le monde, sous la forme d’enseignements à de nouveaux disciples de leur art.

C’est pour cela que Xia fut forcée de s'entraîner elle-même, de devenir cette maîtresse des arts martiaux malgré elle. Malgré elle car elle a mangé des exercices, des combats, des assouplissements et des entraînements depuis qu’elle savait se tenir droite. Un traitement qui n’a pas donné l’amour des arts martiaux à cette jeune femme, mais qui les a fait les détester. Mais… Si ce n’était que des entraînements, alors ce n’est pas si grave, n’est-ce pas ? Elle aurait l’école, les entrainements, puis sa vie à coté ? Non. Pas le temps pour ça.

Pas le temps pour sortir, pas le temps pour les amis, pas le temps de se chercher et de se trouver, pas le temps d’évoluer comme un individu, avec ses désirs et ses valeurs. Ce n’était pas ce qu’on lui demandait. Et « faire » du temps pour autre chose venait au risque de se faire cruellement mettre à terre par son père bien plus expérimenté qu’elle, sans grande options de dialogue que d’être loyal aux « valeurs » de la famille.

Elle fit l’erreur d’attendre sa majorité, croyant désormais avoir officiellement le droit de faire ce qu’elle voulait, pour déclarer qu’elle ne poursuivrait pas le rêve de ses parents et qu’elle ne reprendrait ni l’affaire familiale, ni ne s'entraînait elle-même en leur nom. Le résultat fut drastique… Du jour au lendemain, elle se retrouva à la rue…

Elle voyagea au gré du vent au travers de la chine, faisant la manche et dépensant le peu d’argent qu’elle avait réussi à sauver dans l’alcool pour oublier. Elle était perdue, elle l’est toujours. Elle commettait quelques crimes, quelques vols pour survivre avant de prendre le train et d’aller plus loin, jusqu’au point de même quitter la Chine et se forcer à apprendre une autre langue pour mieux faire la manche plutôt que de chercher un métier ou une quelconque solution.

Deux horribles années où elle n’avait ni l’éducation, ni la volonté d’améliorer sa condition. Elle avait tant travaillé durant toute sa vie pour devenir cette combattante qu’elle ne voulait pas être alors … Elle n’avait plus envie de rien faire d’autre. Elle n’avait plus envie de travailler. Et ceci ne changea pas lorsqu’elle devint une chasseuse de rang E. C’était plutôt une moquerie de l’univers que de l’avoir rendue chasseuse mais une aussi faible. Mais hey. Il fut un temps où elle ne pouvait pas tourner le nez à une rentrée d’argent alors elle accepta de faire son premier donjon. Elle qui a toujours vécu loin de ces histoires de monstre, de donjon, elle qui n’a jamais été affectée par ce côté-là de l’existence ne s’attendait pas à ce que sa première fois soit si catastrophique.

Car elle est morte, ce jour là. Tout le monde est mort. Et pourtant, elle se réveilla une énième fois, blessée et vidée d’énergie quelque part en Inde. Trop habituée aux embrouilles, elle préféra se retirer sans aller à l’hôpital, ne pas devoir donner d’explication sur un phénomène qu’elle ne pouvait pas expliquer.

Mais alors qu’elle retournait dans son monde de misère et de mendicité… Elle se posait la question si elle devait arrêter l’alcool ou non. Elle commençait doucement à en avoir marre d’avoir ces drôles d’hallucinations, comme si elle était dans un jeu vidéo avec des fenêtres qui apparaît devant elle …