Fille unique d'un couple marié trop tôt, Kayle fut rapidement plongée dans un monde chaotique où ses cris et violences conjugales mirent fin aux promesses d'avenir radieux que les parents s'eurent échangées alors que Madame était enceinte de la jeune rouquine. N'avait-elle pas encore atteint ses dix ans que son père disparu du jour au lendemain, laissant toutes les responsabilités d'éducations de sa fille à sa femme. Harcelée à l'école depuis quelques années par-dessus le marché, Kayle fini un jour par exploser de rage et, elle qui était alors une jeune fille silencieuse et très renfermée sur elle-même, ne cherchant jamais à embêter les autres, se retourna contre ses harceleurs qui n'étaient visiblement pas prêts à faire face à la furie furieuse enchaînée aux tréfonds de son for intérieur. Une telle démonstration de violence vaudra Kayle d'être temporairement exclue par le proviseur qui, bien conscient qu'un tel évènement n'arrive pas sans raison, parvint à faire payer ses harceleurs. Une faible justice mais d'importance capitale aux yeux de Kayle.

Grâce à sa réputation, plus personne n’osa essayer de la harceler dans les années qui suivirent. Elle était à présent craintes des caïds d’école qui préféraient passer leur chemin plutôt que d’avoir affaire à elle, et ce, peu importe la situation. Elle prendra rapidement avantage de cette force et endossera alors le rôle de la chercheuse d’embrouilles, celle qui fourre toujours son nez où elle ne devrait pas et protégeant les plus faibles des imbéciles se pensant supérieurs. Cette mentalité la suivit jusqu’en dehors de ses établissements scolaires où elle commença à s’intéresser aux histoires de caïds de cité qu’elle se mise tout autant à rétamer les uns après les autres, non sans s’attirer de gros soucis au passage. Côté familial, les choses s’étaient détendues depuis la disparition de son père. Celui-ci était réapparu aux alentours des onze ans de Kayle et renoua des liens initialement fragiles mais rapidement consolidés pour laisser place à une entente père-fille particulière mais réconfortante aux yeux de l’adolescente. La relation que Kayle et sa mère possédaient était d’une force inouïe, indéfectible ; l’une était l’épaule de la seconde et vice-versa, chacune était la confidente de l’autre et, bien que tout n’était pas toujours rose, elles n’avaient rien à envier à personne. Enfin, sauf Kayle qui aurait aimé que ses parents profitent d’un état de santé plus favorable et d’une dépendance à l’alcool moins importante, surtout dans le cas de son père qui, elle devait le reconnaître, avait fait d’importants efforts au fil des années.

Tout semblait rentrer dans l’ordre dans sa vie. Du moins, jusqu’à un soir d’Octobre où mère et fille apprirent le décès du père, mort durant son sommeil alors qu’il succombait de ses maladies à l’hôpital. Ce soir-là, la bête intérieure de Kayle – alors seulement âgée de quinze ans – s’éveilla à nouveau. Tandis que sa mère pleurait l’homme qu’elle avait aimé, et ce, malgré tout ce qu’il avait pu lui faire par le passé, Kayle quitta la maison familiale pour se vider l’esprit. Elle bouillait de rage, refusant d’accepter qu’on eût pu lui ôter son père – quand bien même il n’avait pas toujours été un homme bon et, surtout, présent dans son rôle – dans une époque telle que la leur où la médecine, grâce aux éveillés qu’elle adulait tant, était pour ainsi dire à son paroxysme. Ce soir-là, une petite bande organisée qui avait essuyé une grosse défaite face à elle eut la mauvaise idée de venir lui chercher des crosses, espérant que cette fois, le nombre suffirait à l’emporter. La rage de Kayle, qui n’avait pourtant pas manqué de prévenir ses agresseurs qu’ils feraient mieux de décamper car ce n’était pas le bon soir pour la chercher, explosa comme jamais auparavant. À peine eut-elle envoyé voler le premier d’entre eux qu’une piqûre d’endorphine sans pareille mêlée à la plus grande poussée d’adrénaline de sa vie vint la booster. Ce soir-là, Kayle s’éveilla et un groupe de dealers décida de ne plus continuer ses activités, intimidés par la brute épaisse qui les avait tous et toutes retourné sans le moindre effort.

Les années qui suivirent cet évènement furent pour le moins… mouvementées pour Kayle. La perte de son père engendra un décrochage scolaire important lequel lui permettra cependant de s’essayer à ses premiers donjons, non sans faire preuve d’audace compte tenu de son trop jeune âge pour y participer. Son petit jeu ne durera pas bien longtemps et elle fut alors interdite de donjon jusqu’à atteindre l’âge légal pour y participer. Seulement deux années après la perte de son père, alors qu’elle ne commençait à peine qu’à s’en remettre, âgée alors de dix-sept ans, elle perdit sa mère qui était alors admise au sein de même hôpital de feu son père. Cette fois-ci, la rage de Kayle, au lieu d’imploser, s’endormit. Elle s’endormit pour laisser place à une tristesse incommensurable, suivie de près par une claque monumentale de la part de la vie elle-même. Une sérieuse poussée de maturité plus tard, elle profitera des libertés du système Belge pour s’émanciper et prendre son indépendance. Elle quittera sa région natale afin de gagner une petite commune à quelques kilomètres de celle-ci, plus calme et rurale, tout ça pour reprendre des études en tant qu’apprentie qui la mèneront à devenir magasinière. Tout d’abord affectée au stock d’un petit magasin d’une chaîne bien plus importante, elle sera rapidement mutée au magasin le plus important de celle-ci une fois que ses employeurs eurent découvert la force latente que son corps abritait. Il lui faudra quelques années – et l’obtention de son certificat – pour se rendre compte qu’elle était, aux yeux de certains de ses supérieurs, la gentille jeune adulte serviable qui se pliait en quatre pour toutes leurs caprices. Elle décidera alors, du jour au lendemain, de reprendre l’activité en donjon afin de cesser d’être la vache que l’on trait tant qu’elle a du lait à donner. Passant mi-temps afin de continuer d’exercer un métier qu’elle aime, elle prête aujourd’hui main forte aux chasseurs et joueurs assez courageux pour la supporter lors de chasses en Donjons.