" Pars, fils, pars faire tes preuves, je ne te donnerai rien d'autre que cette lettre. Elle te permettra de rejoindre la guilde marchande dès lors que tu auras atteint le rang nécessaire. Il est impensable qu'un incapable hérite de tout ce pourquoi j'ai trimé. Tu as vingt ans, je t'ai déjà tout appris. Pars et rends-moi fier. "

Les dernières paroles de son père avant son départ, et aussi la dernière fois qu'il l'avait vu. Le jeune bureaucrate avait été entraîné pour ça, dès ses douze ans, pour cette dernière épreuve. L'héritage de son père était avant tout cette âme affamée par le gain, ce calcul risque-récompense était l'équation de sa vie. Il devait rejoindre la Guilde de la Gloire, et y gravir les échelons, avant de revoir son père. Akten voyait désormais chaque situation comme ceci : qui me rapporte quoi ? Qu'est-ce que j'y perd ? Ceci m'est-il vraiment utile ?

Il y avait une exception, tout de même. Un homme, autrefois son camarade de classe. Quelqu'un de simple, un grand frère protecteur, proche de sa famille. En soi, tout l'inverse d'Akten où l'individualisme était au coeur de son cercle. Il n'entretenait pas cette relation, mais cet ami ne quittait pas son esprit pour le moins. Cette personne pouvait lui demander quelque chose et l'obtenir sans rien en retour. Mais il ne le ferait pas, simplement car comme ils étaient tenus par les liens de l'amitié, et se vouaient l'un à l'autre une admiration, secrète pour eux, mais visible de tous, ils étaient également prisonniers du destin. Chacun voulait prouver à l'autre que sa façon de faire était la meilleure, chacun avait le besoin de vouloir devancer son ami. Ils se raillaient. Deux aînés exemplaires issus de familles prospères,  ils avaient la compétition dans le sang. A l'école, en Allemagne, ils se disputaient les meilleures notes, et se lançaient ces défis idiots que les bambins apprécient. Chacun gagna en maturité, grandissant en apprenant la vie à leur manière, en forgeant leurs propres opinons, et souvent ils divergeaient. Les allégories du yin et yang, s'opposant et s'épousant. Pourtant, Edel Weiss s'en alla, quittant la Germanie, laissant Akten seul, privé du goût de l'amitié. Ce n'était pas de sa faute, Akten ne lui tint pas rigueur. C'est là qu'il apprit à restreindre ses sentiments, et se concentra sur ce que son père attendait de lui : l'excellence. Son géniteur prit la décision, lors des évènements qui changèrent la face du monde en ce qu'il est devenu aujourd'hui, de partir au Japon pour ses affaires. Se retrouvant par l'ironie d'on ne sait quelle moire, dans le même lycée au Japon, les deux rivaux faisaient preuve de grande puérilité quand quelque chose avait à voir avec l'autre. Akten subit son éveil à l'orée de ses dix-neuf ans, et passa clairement la plupart de son temps à chercher la fortune dans les donjons, pour son père. Le temps passa encore, les deux ainés se voyaient moins, les désaccords s'empilaient, mais la rivalité profonde qui les cadenassaient l'un à l'autre ne tarissait pas, et se retrouvait désormais dans la course aux richesses des donjons.