Née dans la banlieue de St Petersburg, au bord de la Neva, d'un père Piotr, artiste peu talentueux et d'une mère Sofia, aide à domicile, Oksana a connu une enfance somme toute assez difficile.

Fille unique, la fillette grandit au milieu des bâtiments gris et triste d'une banlieue pauvre de St Petersburg, ancienne capitale russe sous l'égide du Tsar qui lui a donné son nom. Sociable, elle se fit rapidement une place et de nombreux amis, unis par les conditions de vie précaires des environs. Elle se révéla rapidement un véritable garçon manqué à l'imagination débordante, ne manquant jamais une occasion de partir à l'aventure en embarquant tous les autres gamins. La fillette se montra aussi très indisciplinée, notamment envers un père absent toujours fourré à droite à gauche loin de sa famille.

Une indiscipline qui se traduira en rébellion à l'adolescence.

Réfractaire à toute forme d'autorité, Oksana s'éloigna petit à petit du cocon familial, balayant d'un revers de main les complaintes désespérées d'une mère dépassée et les corrections d'un père au comportement digne du siècle dernier. Si elle ne brilla pas à l'école, elle se montra toutefois très adroite une clé à molette à la main, réparant sans mal les vélos et autres mobylettes de ses proches. D'ailleurs, elle envisagea éventuellement de faire carrière dans la mécanique. Vers l'âge de seize ans, l'adolescente admit, après des années de flirts infructueux, se sentir plus attirée par les filles que les garçons. Elle sortit du placard et cela signa son éviction de la maison.

Ce fut sans remords ni regrets qu'elle quitta le cocon familial.

Oksana n'était pas du genre à attendre que la vie lui fasse des cadeaux. Après des recherches intensives, elle trouva du boulot chez un petit garagiste et commença son apprentissage. Loin des contraintes et de la pression parentale, elle vit littéralement sa meilleure vie. Non seulement son boulot était sa passion mais elle pouvait enfin vivre sa sexualité au grand jour. Enfin autant que le gouvernement russe l'autorisait. En dépit d'avancées sociales mondiales dans le domaine, la Russie était un pays qui résistait fortement au progrès, au grand dam d'une population qui se sentait de plus en plus à l'étroit mais qui n'avait pas eu le loisir ou l'opportunité de se libérer de ses chaines rétrogrades.

Un gouvernement qui taperait éventuellement à sa porte.

Dans le but de nourrir l'effort de guerre contre le Japon, qui si elle s'est intensifiée depuis l'Eveil des premiers chasseurs, dure depuis 1941, les deux nations n'ayant jamais signé d'armistice., le gouvernement passa plusieurs lois. La dernière en date fut la restauration d'une forme de service militaire. Une nouvelle qui ravit la famille en disgrâce d'Oksana depuis sa "fugue". La jeune femme dorénavant âgée de 18 ans, se vit contrainte d'obéir ou de fuir. Déterminée à vivre de manière indépendante et surtout ne voulant pas abandonner sa petite vie de rêve, elle choisit le sacrifice, se disant qu'il ne s'agissait que de quelques années à passer.

Malheureusement, cela s'avérera un véritable cauchemar.

Oksana ne mit aucun enthousiasme à l'entrainement, ne se montrant à son avantage que dans son élément, à savoir la mécanique. Elle s'imaginait d'ailleurs que les mécaniciens ne seraient jamais envoyés au front ou affectés à des tâches dangereuses. A raison. Si son plan marcha un temps, elle tapa éventuellement dans l'œil d'un de ses supérieurs qui remarqua ses talents à l'arme à feu en dépit de sa nonchalance lors d'une soirée un peu arrosée en compagnie de quelques aspirants sur le champ de tir. La jeune femme avait rentré tous ses tirs à 25 mètres ce soir là et dans un état d'alcoolisme avancé ! En dépit de ses plaintes, elle fut rapidement réorientée vers un programme plus en phase avec ses dispositions.

Après quelques mois, elle se retrouva sur le front.

Assignée sur les îles Kouriles en qualité de snipeuse de l'armée de terre, Oksana eut énormément de mal à passer de la théorie à la pratique. Tirer sur des cibles à l'entrainement et le faire en combat réel ce n'était clairement pas le même bortsch. Cela s'avéra très compliqué pour la jeune femme certes rebelle mais qui ne s'était jamais confrontée à la mort. Elle se souviendra d'ailleurs toujours des premiers civils qu'elle a tué de sang froid alors que ces derniers s'étaient aventurés sur un terrain d'opération aux alentours de Sapporo sur l'île d'Hokkaido. Une opération qui dura presque un mois... Son chef donnait les ordres mais c'était bien elle qui appuyait sur la gâchette dans l'illusoire espoir que ça lui permettrait à terme de retrouver sa petite vie tranquille. Une carotte à laquelle la jeune russe s'accrocha aussi longtemps qu'elle le put.

Jusqu'à ce que cela ne suffise plus.

Après deux années de bons et loyaux services, Oksana avait énormément changé. La jeune femme s'était raccrochée au cœur de ses valeurs comme une arapède sur un rocher. La liberté de penser et d'agir était devenue une sorte de bouée de sauvetage dans un océan immense remplit de cadavres de ses victimes voulant l'attirer vers le fond. Une bouée qui lui évitait de littéralement sombrer et de n'être plus qu'une bête, une machine à tuer marchant à l'instinct. La chance voulut qu'elle connaisse l'Eveil alors qu'elle peinait grandement à reprendre une vie normale. La chasse lui offrit un nouveau terrain d'expression et accessoirement un moyen de rester en marge de cette société qui ne pouvait plus la contenir.

Jusqu'à ce que l'armée resonne à sa porte.

Oksana refusa cette fois l'incorporation, préférant s'exiler au Brésil loin de la Russie afin de ne plus devoir répondre de ses actes à personne. Personne ne pourrait ainsi la contrôler et lui dicter sa façon de vivre. Un temps nomade, elle est finalement recrutée chez les Faucheurs après quelques mois d'activité grâce à des capacités intéressantes, notamment en matière de bidouillage d'armes, d'un profond désintérêt pour la vie humaine et un comportement d'une violence rare, que cela soit envers les monstres ou les êtres humains. Après quelques missions bordéliques à souhait mais productives, elle obtient un surnom qui la suit encore aujourd'hui avec ferveur : "Mayhem".